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Sommeil

Traiter l’insomnie pour prévenir la dépression

Suivre une formation cognitivo-comportementale au sommeil, qui apprend à rompre avec les mauvaises habitudes afin de préparer le corps et l’esprit à une bonne nuit de sommeil, peut aider à prévenir la dépression chez les personnes âgées souffrant d'insomnie.

Traiter l’insomnie pour prévenir la dépression amenic181/iStock




L'ESSENTIEL
  • La thérapie cognitivo-comportementale, appelée TCC-I, comporte cinq volets : le contrôle du stimulus, la restriction du sommeil, l'hygiène du sommeil, la relaxation et la thérapie cognitivo-comportementale.
  • Les participants à l'essai clinique randomisé qui ont reçu une thérapie cognitivo-comportementale pour leur insomnie se sont révélés être deux fois moins susceptibles de développer une dépression.
  • Après trois ans, un tiers des participants ont bénéficié des bienfaits de cette thérapie.

Un Français sur cinq souffrirait d’insomnie chronique. Ce trouble doit être pris au sérieux car il peut entraîner de nombreuses pathologies telles que Parkinson, l'asthme, la bronchite chronique, la tachycardie ou encore l'hyperthyroïdie. Une étude de 2019 a également mis la lumière sur un risque cardiovasculaire accru chez les personnes insomniaques. Par ailleurs, moins dormir modifie les rapports sociaux et pousse à moins interagir avec les autres.

Traiter la dépression sans prendre de médicament

L’insomnie est également un facteur favorisant la dépression, notamment chez les personnes âgées. Dans une nouvelle étude, parue le 24 novembre dans la revue JAMA Psychiatry, des chercheurs américains de l’université de UCLA suggèrent qu’une formation cognitivo-comportementale au sommeil permet d’agir sur l’insomnie et réduire les risques dépressifs. “Ce qui est passionnant avec ces résultats, c'est qu'ils sont parmi les premiers à démontrer que le traitement de l'insomnie avec une stratégie comportementale, et non une pilule, peut prévenir le développement de la dépression chez les personnes âgées, se réjouit Wendy Troxel, spécialiste du sommeil et du comportement, qui n'a pas participé à l'étude. Les résultats de l'étude sont très significatifs car la dépression majeure est très courante chez les personnes âgées et "est associée à un risque accru de déclin cognitif, d'invalidité, de suicide et de mortalité toutes causes confondues.”

Les participants à l'essai clinique randomisé qui ont reçu une thérapie cognitivo-comportementale pour leur insomnie se sont révélés être deux fois moins susceptibles de développer une dépression. “Si la rémission de l'insomnie est maintenue pendant trois ans, il y a une réduction de 83 % de la probabilité de développer dépression, ajoute le Dr Michael Irwin, professeur de psychiatrie et de sciences biocomportementales, et auteur principal de la recherche. C'est pourquoi cette étude est si importante. Nous avons montré que nous pouvons réellement cibler l'insomnie avec une thérapie cognitivo-comportementale et empêcher la dépression de se produire.”

Une approche en cinq volets

Pour cette étude, 291 adultes de plus de 60 ans souffrant d'insomnie mais sans dépression ont été répartis, au hasard, en deux groupes. Chaque semaine pendant deux mois, un groupe témoin a reçu huit semaines d'éducation de base sur le sommeil, qui enseignait l'hygiène du sommeil, les caractéristiques d'un sommeil sain, la biologie du sommeil et l'impact du stress sur le sommeil. Les membres de ce groupe n’ont reçu aucune formation individuelle et devait trouver comment bien appliquer ces conseils sans aide supplémentaire.

L'autre groupe a lui reçu une forme de formation comportementale au sommeil, appelée TCC-I, par des thérapeutes qualifiés pendant huit semaines. “L'avantage de cette approche est qu'elle a utilisé le traitement comportemental le plus fondé sur des preuves pour l'insomnie, la TCC-I, qui s'est avérée aussi efficace, plus durable et avoir moins d'effets secondaires que les somnifères - qui peut être particulièrement problématique chez les personnes âgées”, a précisé Wendy Troxel.

La TCC-I comporte cinq volets : le contrôle du stimulus, la restriction du sommeil, l'hygiène du sommeil, la relaxation et la thérapie cognitivo-comportementale. L'hygiène du sommeil et la relaxation impliquent de bonnes habitudes de sommeil. Le contrôle du stimulus consiste à “faire sortir les gens du lit lorsqu'ils ne peuvent pas dormir”, a indiqué Michael Irwin. La restriction du sommeil consiste à limiter le temps passé au lit uniquement à la période pendant laquelle une personne dort. Enfin, la thérapie cognitive agit pour perturber les “pensées et croyances dysfonctionnelles concernant le sommeil”, a précisé Michael Irwin.

Des résultats qui se confirment dans le temps

Si le traitement s’est terminé après deux mois, les chercheurs ont continué de suivre les participants pendant trois ans. “Le groupe qui a reçu la formation avec l'aide d'un coach du sommeil a souvent continué la formation dans sa propre vie, relate l’auteur principal de l’étude. Environ un tiers des personnes n'avaient toujours pas d'insomnie à la fin des trois années d'études.” Dans l’autre groupe, les personnes ont montré quelques effets d’amélioration mais ceux-ci ne se sont pas confirmés dans le temps.

Les résultats de l'étude montrent “une manière complètement nouvelle et innovante de s'attaquer au problème croissant de la dépression, ont ajouté Pim Cuijpers, professeur de psychologie clinique à la Vrije Universiteit Amsterdam, et le Dr Charles Reynolds, professeur de psychiatrie gériatrique à l'Université de Pennsylvania Medical Center, dans un éditorial publié parallèlement à l'étude. La stigmatisation associée à la dépression majeure en tant que trouble mental est l'une des principales raisons de ne pas rechercher de traitement. Cette découverte majeure offre de nouvelles opportunités passionnantes pour le domaine de la prévention et ouvre un nouveau champ de recherche sur les interventions préventives indirectes pour éviter la stigmatisation des troubles mentaux.”

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