3,9 % des Européens âgés de 15 à 64 ans ont consommé du cannabis au moins une fois au cours du mois précédent, selon une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet. Les données utilisées par les chercheurs ont été recueillies de 2010 à 2019. Ainsi, entre ces deux dates, ils ont pu observer une augmentation de 27% de la prévalence de la consommation de la majiruana chez les adultes en Europe, passant de 3,1% à 3,9%. La prévalence est le rapport entre le nombre de personnes concernées par un problème sanitaire par rapport à l’effectif total d’une population pendant une période donnée, sans distinction entre les nouveaux cas et les anciens.
Le tétrahydrocannabinol, un principe actif hallucinogène
Le cannabis renferme un principe actif hallucinogène, le tétrahydrocannabinol, ou THC. On en trouve sous trois formes : l’herbe séchée, la résine et l’huile. Les deux premières se fument tandis que la troisième est plus généralement consommée avec une pipe. Ses effets comportent une phase d’euphorie, puis d’extatique et enfin de sommeil. Pour parvenir à estimer le rapport des Européens à cette substance, les chercheurs se sont appuyés sur quatre types de données : la prévalence de la consommation, la prévalence des troubles liés à cette consommation, la prise en charge médicale et la puissance du THC présent dans ces produits. Les scientifiques ont principalement récupéré ces informations auprès de deux organismes : l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT). Les pays étudiés étaient les 27 États membres de l’Union européenne, ainsi que le Royaume-Uni, la Norvège et la Turquie.
Augmentation des nouvelles prises en charge liées à la dépendance au cannabis
Dans treize des vingt-six pays étudiés par les chercheurs, plus de 20% des utilisateurs - qui avaient consommé du cannabis au moins une fois au cours du mois précédent - ont signalé des modes d'utilisation à haut risque. Il peut s’agir de troubles cognitifs, d’un risque plus élevé de développer une psychose, de problèmes respiratoires ou de certains cancers plus élevés. Les accidents de la route lié à la prise de majiruana étaient aussi comptabilisés. Du côté de la prise en charge, les scientifiques estiment que le taux de consommateurs qui ont démarré un suivi médical pour dépendance au cannabis est passé de 27 à plus de 35 pour 100 000 adultes depuis 2015. En 2019 par exemple, plus de 115 000 nouveaux traitements ont été signalés dans 25 pays européens. Enfin, dernier enseignement de cette étude : la puissance du tétrahydrocannabinol contenu dans le cannabis a augmenté ces dernières années.
Deux projets de légalisation du cannabis en Europe
Dans l’Union européenne, il y a différentes législations sur le cannabis. Dans douze États membres, la consommation n’est pas interdite mais la détention de majiruana est condamnable. Mais certains pays se démarquent comme le Luxembourg ou l'Allemagne. En effet, depuis plusieurs mois, le gouvernement luxembourgeois a pour projet de légaliser le cannabis récréatif. Plus récemment, cette même proposition a aussi été inscrite dans le contrat de coalition des trois partis qui vont gouverner l’Allemagne en décembre prochain, moment où la chancelière Angela Merkel et son gouvernement se retireront. “Nous introduisons la distribution contrôlée de cannabis aux adultes à des fins récréatives dans les magasins agréés, ce qui permet de contrôler la qualité, d’empêcher la distribution de substances contaminées et de protéger la santé publique, expliquent les auteurs du contrat qui a été présenté ce mercredi 24 novembre à Berlin. Si l'un de ces deux projets est mené à son terme, l'Allemagne ou le Luxembourg deviendrait alors le premier État européen à lever totalement la prohibition du cannabis.
En France, le cannabis est considéré comme un stupéfiant, rendant sa consommation condamnable. Pourtant, l’OEDT estime qu’il y aurait cinq millions d’usagers avec au moins une prise dans l’année, dont 1,5 million ayant une consommation régulière.