Ce n'est aujourd'hui qu'un rêve, ou au mieux de la science-fiction : et si notre organisme avait un jour la capacité de se régénérer, c'est à dire de "remplacer" tout organe ou partie du corps malade ou dégradé ? Pourtant, des chercheurs de l'INSERM et de l'université de Montpellier viennent de rendre ce futur un peu plus crédible en identifiant la structure qui orchestre un processus de régénération... chez le poisson zèbre. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Communications.
Comme d'autres espèces animales, ce poisson est capable de reconstituer un de ses membres, en l'occurence sa nageoire caudale lorsqu'il a été amputé de celle-ci. Et si cette espèce a été choisie comme support de recherche par les scientifiques de l'INSERM, c'est parce que ce poisson possède 70% de gène communs avec les humains.
Cellules dérivées de la crête neurale
Comment cet animal parvient-il à régénérer un de ses membres perdus ? Comme pour les autres espèces animales qui partagent cette capacité, ce mécanisme s'appuie sur la formation d'un blastème, une structure composée de cellules indifférenciées à partir desquelles s'organise la régénération des tissus.
Mais les scientifiques sont allés plus loin. Ils sont parvenus à identifier, au sein de cette structure, quelles sont les cellules qui orchestrent ce processus. Alors que l'on avait déjà observé le rôle des macrophages, des cellules du système immunitaire, dans le processus inflammatoire aboutissant à la constitution du blastème, ils ont cette fois démontré le rôle essentiel des cellules dérivées de la crête neurale, ces cellules qui, chez tous les vertébrés -donc aussi chez les humains- se mettent en place assez tardivement dans le développement de l'embryon.
Pourquoi ce processus ne marche plus chez les mammifères ?
Ce sont donc les interactions de ces cellules au sein du blastème avec les macrophages qui permettraient de contrôler l'action de ces derniers dans le processus de régénération. Ce qui pose une question essentielle : "Pourquoi les mammifères qui pourtant possèdent aussi des macrophages et des cellules dérivées de la crête neurale ne parviennent pas à régénérer leurs appendices comme le fait le poisson-zèbre ?", s'interroge Farida Djouad, directrice de recherche à l'INSERM.
Traiter les maladies dégénératives
La réponse pourrait venir de la suite de ces recherches dont l'objectif reste de trouver LA cellule qui organise le processus de régénération. "Cela pourrait ouvrir la voie à de nouvelle pistes pour rendre possible la régénération de certains tissus qui serait très utile pour pallier les effets de maladies dégénératives comme l'arthrose", précise Farida Djouad.