C’est le 29 mai dernier, à l'Accor Arena de Paris, qu’avait eu lieu un concert-test baptisé "Ambition Live Again". Pour la première fois depuis des mois, 5000 participants âgés de 18 à 45 ans pouvaient enfin retourner dans une salle de concert… Mais pas seulement pour le plaisir. Ils faisaient partie d’une expérimentation pour vérifier si des spectateurs testés négatifs à la Covid-19 avant un concert avaient plus de risque d’être contaminés en y allant. Réponse de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) en juillet dernier : il n’y avait pas de risque de sur-infection lors de cet événement.
Pas de risque avec un protocole sanitaire adapté...
Six mois après le concert, des conclusions plus détaillées viennent d’être publiées dans la revue The Lancet. Les auteurs sont rassurant : "Les résultats de cette étude montrent que la participation à un rassemblement de grande ampleur n’a pas été associée à un sur-risque de transmission du SARS-CoV-2 lors d’un concert en configuration debout sans distanciation physique dans une salle fermée à condition qu’un protocole sanitaire adapté soit mis en œuvre". Pour assister au concert, les 5 000 participants devaient présenter un test salivaire négatif à la Covid-19.
...ni de taux d'incidence plus élevé que dans le reste de la population
Dans le protocole d’étude des chercheurs, il y avait 2500 autres participants de la même tranche d’âge. Eux aussi ont été testé négatif avant le concert mais n’y ont pas participé. Une semaine plus tard, les 7500 volontaires - ceux du groupe concert et ceux qui n’y ont pas été - ont à nouveau été testés. Résultats de l’étude : "Le taux d’incidence observé dans les deux groupes (0.20% et 0.15%, respectivement) correspond au taux d’incidence en Île-de-France estimé dans les deux semaines précédant l’événement (190/100.000 pour la même tranche d’âge)". Les scientifiques concluent donc que les personnes qui avaient participé à ce concert avaient un taux d’infection comparable à celles qui n’y avaient pas participé. D’un point de vue transmission du virus, aller à un concert n’était donc pas très risqué il y a six mois...
La présence de certains variants pourraient rendre les salles de concert dangereuses
Ces résultats seraient-ils les mêmes aujourd’hui ? Impossible de répondre à cette question car la situation épidémique a beaucoup évolué. En mai dernier, le variant Delta n’était pas présent sur le territoire Français. Celui-ci est très contagieux et circule activement en France, ce qui pourrait donc changer les résultats si les scientifiques faisaient à nouveau un concert-test. D’autant plus que la situation sanitaire pourrait encore évoluer dans les prochains jours avec l’arrivée du variant Omicron en France. "À date, il n'y a pas encore eu d'identification de ce type de variant Omicron sur le territoire national, mais c'est une question d'heures très probablement, a déclaré Olivier Véran devant la presse, lors d'une visite dans un centre de vaccination à Paris. Il circule déjà en Belgique, il a été identifié en Italie, en Allemagne...". Un variant qui inquiète les autorités sanitaire car il pourrait être à l’origine de beaucoup de formes graves de la maladie.
Mais la couverture plus étendue qu’en mai pourrait protéger les participants
Actuellement, plus de 50 millions de personnes sont totalement vaccinées en France, sur une population totale de 66 millions d’habitants. "L’autre élément est qu’actuellement, la couverture vaccinale de la population française est bien plus élevée qu’au moment de la réalisation de l’étude, peut-on lire dans l’étude sur le concert-test. Les résultats restent néanmoins particulièrement intéressants pour toutes les situations où la couverture vaccinale est plus basse". Il y a plus de 23 500 nouveaux cas confirmés de Covid-19 en moyenne en France, selon les dernières données publiées par le gouvernement. Ce chiffre a augmenté de près de 74% en seulement une semaine. Face à la menace d’une cinquième vague, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a ouvert la dose de rappel à tous les adultes de plus de 18 ans… À condition de réussir à trouver un créneau disponible dans les centres de vaccination.