A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida, Santé Publique France publie de nouvelles données sur la maladie. "La pandémie de Covid-19 ne doit pas nous faire oublier que celle du VIH qui court depuis 40 ans n’est pas terminée", rappelle en effet dans un éditorial Bruno Spire, directeur de recherches (Aix Marseille Université, Inserm, IRD, SESSTIM, ISSPAM). "Le virus circule encore, les personnes atteintes ne sont pas guéries, les malades doivent faire face à un traitement à vie et il n’y a toujours pas de vaccins", souligne-t-il.
Le taux global de positivité pour le VIH en augmentation
En 2020, le taux global de positivité pour le VIH était en très légère augmentation par rapport à celui observé en 2018, selon la nouvelle recherche de Gilles Delmas, qui a analysé les données individuelles transmises par les centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD). Par ailleurs, les taux de dépistage de la syphilis et du Chlamydia sont restés stables alors que le taux de détection de l’infection à gonocoque était en augmentation.
"Ces évolutions doivent cependant être interprétées en tenant compte de la baisse de la fréquentation des CeGIDD en 2020 à cause de la crise sanitaire", analyse Bruno Spire. Cette fréquentation a fortement diminué au deuxième trimestre 2020, lors de l’instauration du premier confinement (-58% de consultations entre le premier et le second trimestre). Un second décrochage plus modéré a été observé au mois de novembre (-23%), correspondant à la seconde période de confinement.
"Un sentiment d’injustice"
"Les confinements ont d’ailleurs eu un impact psychosocial particulier sur le vécu les personnes séropositives, comme le rapporte la nouvelle étude de Myriam Campal", ajoute le directeur de recherche. "La pandémie de Covid-19 a réveillé les inquiétudes qu’avaient pu déjà expérimenter les malades atteints du VIH face à certaines similitudes entre les pandémies", poursuit-il. En d’autres termes, la Covid-19 a réactivé des peurs vécues autrefois avec le VIH : maladie arrivée de l’étranger, symptômes non spécifiques, mortalité élevé, un traitement qui se fait attendre, une communication anxiogène.
"Cela a pu provoquer un repli sur soi, une peur de l’exclusion et de la sérophobie. Un sentiment d’injustice s’est également développé chez les personnes séropositives par rapport à la rapidité de la mise à disposition de vaccins contre la Covid-19 et pas contre le VIH", conclut Bruno Spire. 36,3 millions de personnes sont décédées des suites de maladies liées au sida depuis le début de l'épidémie.