Les mineurs français consomment autant d’alcool et plus de tabac qu’avant la loi (1) du 21 juillet 2009 interdisant la vente de l’alcool et du tabac aux moins de 18 ans. Selon une enquête de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), cette loi est appliquée de façon imparfaite . La consommation stagne donc et inquiète les autorités.
Les jeunes de 17 ans consomment différemment des 16 ans
Les adolescents ont un rapport décomplexé à l’alcool et au tabac. Un mineur de 16 ans consomme 10% moins de tabac qu’à 17 ans. C'est la consommation d'alcool qui inquiète le plus les autorités. Les jeunes de 16 ans consomment plus régulièrement de l'alcool que leurs aînés mais de manière plus pondérée. Un adolescent de 17 ans sur dix se retrouve régulièrement ivre; c'est deux fois plus qu'à 16 ans. Ils connaissent également plus d'ivresses ponctuelles importantes.
Le rapport déplore cette consommation massive d’alcool mais l’explique facilement. La majorité des jeunes interrogés trouve qu’il est facile de contourner la loi. Certains demandent l’aide d’un tiers majeur (ami, proche), d’autres se tournent vers des débitants qui ne respectent pas la loi.
Un débitant d’alcool sur trois ne vérifie jamais l’âge de ses clients
Une immense majorité des marchands d’alcool et de tabac sont hors la loi. Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a mené des enquêtes « clients mystères » chez des buralistes en 2011. Seul un buraliste sur dix a demandé une pièce d’identité au client mineur. Côté débitants d’alcool, la loi HPST n’est pas mieux respectée. Un tiers des débitants d’alcool avoue ne jamais vérifier l’âge de ses clients. La moitié dit demander plus ou moins fréquemment l’âge d’un client. La pratique est globalement en progression, sauf dans les cafés et bars, selon l’OFDT.
Renforcer les contrôles des autorités
La loi HPST est connue des débitants comme des jeunes. Elle est même largement acceptée par les français, souligne le rapport de l’OFDT. Cela n’empêche pas sa faible application. Les auteurs du rapport préconisent trois mesures pour l’assurer. D’une part, la traditionnelle hausse dissuasive des prix. Ensuite, une multiplication des actions éducatives chez les jeunes et des formations spécifiques chez les marchands. Le rapport pointe surtout un défaut d’attention des autorités : les contrôles sont trop rares pour être dissuasifs. Ils doivent donc être renforcés.
En 2012, les hôpitaux ont enregistré 400 000 admissions liées à l'alcool. Cela représente une hausse de 30% en trois ans. La plupart des patients étaient mineurs. Un décès sur cinq chez les jeunes est dû à la consommation d'alcool. Limiter l'accès des adolescents à l'alcool est donc un enjeu de santé publique.
(1) loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST)