- Les enfants souffrant d'asthme mal contrôlé encourent un plus gros risque d'hospitalisation pour Covid-19 que les autres.
- Ces cas restent toutefois peu fréquents et les décès rares.
- Mais le risque est suffisamment établi pour que les auteurs de l'étude recommandent la vaccination des enfants de 5 à 11 ans présentant un risque de forme grave.
- Cette étude survient alors que la Haute Autorité de santé recommande elle aussi la vaccination pour les moins de 12 ans dits "fragiles".
Les enfants asthmatiques sont plus à risque face à Covid-19 que ceux qui ne souffrent pas de cette affection respiratoire.
C’est la conclusion d’une nouvelle étude publiée dans le Lancet Respiratory Medicine. Menée par des chercheurs de l’université d’Édimbourg, en Écosse, elle est la première du genre à étudier l'hospitalisation due à la Covid-19 chez les enfants de 5 à 17 ans vivant en Écosse.
Les résultats, établis grâce aux données écossaises de santé publique, montrent que les enfants d’âge scolaire souffrant d’asthme mal contrôlé (c’est-à-dire qui ont été hospitalisés pour asthme ou se sont vus prescrire deux traitements ou plus de stéroïdes oraux pour l'asthme au cours des deux dernières années) sont trois à six fois plus susceptibles d'être hospitalisés suite à une infection à la Covid-19 que les enfants non asthmatiques
"Comprendre quels enfants asthmatiques courent un risque accru d'être gravement atteints par la Covid-19 est essentiel pour les délibérations politiques en cours sur la priorisation des vaccins, souligne l'auteur principal, le professeur Aziz Sheikh. Notre analyse fournit les premières données nationales sur le risque d'hospitalisations liées à la Covid-19 chez les enfants d'âge scolaire présentant des marqueurs d'asthme mal contrôlé."
Un risque significatif de forme grave ou de décès
En utilisant les données nationales à l’échelle de l’écosse entre mars 2020 et juillet 2021, les chercheurs ont identifié les enfants asthmatiques qui présentaient un risque accru d'être gravement touchés par la Covid-19, entraînant une hospitalisation dans les 14 jours suivant un test positif ou un décès, quelle qu'en soit la cause. Sur les 752 867 enfants âgés de 5 à 17 ans inclus dans l'analyse, 63 463 enfants (8,4 %) ayant reçu un diagnostic d'asthme, 4 339 (6,8 %) ont eu une infection confirmée par le SARS-CoV-2, et 67 (1,5 %) d'entre eux ont été admis à l'hôpital avec la Covid-19.
Neuf admissions en soins intensifs ou décès d'enfants asthmatiques ont été recensés, ce qui a empêché une évaluation détaillée de ces résultats les plus graves. Au total, 40 231 (5,8 %) des enfants non asthmatiques ont eu une infection confirmée par le SARS-CoV-2, dont 382 (0,9 %) ont été hospitalisés avec la Covid-19.
Les résultats de l’étude montrent que les enfants ayant de l’asthme mal contrôlé étaient plus susceptibles d'être hospitalisés (548 hospitalisations pour 100 000 enfants), par rapport aux enfants dont l'asthme était bien contrôlé (94 hospitalisations pour 100 000 enfants) ou sans asthme (55 hospitalisations pour 100 000 enfants).
"La principale conclusion de cette étude est qu'il est essentiel de contrôler l'asthme des enfants, car cela réduit considérablement le risque d'hospitalisation due à la Covid-19. La vaccination des personnes dont l'asthme est mal contrôlé offre une couche supplémentaire importante de protection contre les conséquences graves de la Covid-19", estime le Pr Sheik, qui plaide pour une extension de la vaccination aux moins de 12 ans.
La HAS recommande la vaccination des enfants fragiles
La parution de cette étude survient alors que la Haute Autorité de santé (HAS) a recommandé mardi 30 novembre la vaccination des enfants âgés de 5 à 11 ans présentant un risque de développer une forme grave de la Covid-19 ou de décéder, "et pour ceux vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées ou vulnérables non protégées par la vaccination". Sont concernés un peu plus de 360 000 enfants en France, souffrant notamment de maladies hépatiques chroniques, de maladies cardiaques et respiratoires chroniques, de maladies neurologiques, d’obésité, de diabète, d’immunodéficience primitive ou encore atteints de trisomie 21.
Pour les autres enfants de moins de 12 ans, la HAS a fait savoir qu’elle "se prononcera ultérieurement sur la pertinence d’élargir cette vaccination après avoir auditionné les parties prenantes". "Ces auditions viseront à éclairer le rapport bénéfice/risque individuel de la vaccination des enfants pour lesquels le risque de survenue de forme sévère ou de décès est faible au regard du risque possible de survenue d’effets indésirables rares", conclut-elle.