- Le terme d’infertilité concerne les couples qui, malgré des rapports sexuels non protégés pendant une période d’au moins 12 mois, n’arrivent pas à avoir d’enfant.
- Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), qui touche environ 10% des femmes, peut être à l’origine d’une infertilité.
En France, environ 10% des couples restent infertiles après deux ans de tentative de conception, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et 25% des cas d’infertilité sont inexpliqués.
Une équipe de recherche de l’Institut de biologie moléculaire de l’Académie des sciences de Vienne mène justement des travaux pour lutter contre ces problèmes. “Nous avons créé des alternatives éthiques et techniques à l’embryon humain qui permettent de comprendre les premières étapes de l’embryogenèse en laboratoire, et de développer des médicaments pour traiter les problèmes d’infertilité”, explique Nicolas Rivron, auteur principal de l’étude qui vient d’être publiée dans la revue Nature.
Des blastoïdes pour mieux comprendre l'implantation embryonnaire
Lors de leurs travaux, l’équipe a travaillé sur des modèles d’embryons en laboratoire - qu’ils ont appelés blastoïdes - crées à partir de cellules souches chez la souris. Ils les ont ensuite implanté dans des utérus de souris pour étudier le procédé d’implantation embryonnaire. Comme cette expérience s'est avérée concluante, ils ont mis au point un modèle de blastoïde humain. Chez l’Homme, les embryons humains naturellement formés sont les blastocytes, à différencier de ceux modélisés en laboratoire, les blastoïdes.
Le but de leur démarche était de pouvoir étudier le phénomène d’implantation de l’embryon, qui est un moment crucial. “Nous savons que 50% des fertilisations ne donnent pas de bébé, c’est-à-dire qu’elles se transforment en fausses couches, estime le chercheur. Et parmi ces 50%, il y a 75% de ces embryons qui ne réussissent pas à s’implanter dans l’endomètre”.
Les blastoïdes agissent comme les blastocytes
En France, les chercheurs ne peuvent pas directement travailler sur les embryons et leurs nidation dans l’utérus. Grâce aux blastoïdes, ils vont pouvoir travailler sur l’implantation. D’après eux, leur modèle de blastoïdes agit comme un blastocyte : ils sont capables de s’attacher aux cellules de l’endomètre sur un côté et de créer des cellules qui leur permettent d’interagir avec celles de l’endomètre. “Pour être prédictifs, ces modèles d’embryons doivent être bien faits, développe Nicolas Rivron. Nous avons beaucoup œuvré pour nous assurer que les cellules formées ressemblent véritablement aux cellules du blastocyte humain. Une fois qu’on sait qu’on a formé les bonnes cellules pour notre blastoïde, on peut modéliser l’implantation en laboratoire, en combinant des blastoïdes humains avec des cellules d’endomètre humain.”
À terme, l’objectif des chercheurs est aussi de mettre au point de nouveaux modes de contraception. “Si l’implantation de l’embryon est empêchée, il ne peut y avoir de grossesse”, conclut Nicolas Rivron, qui tempêre tout de même l’espoir suscité par ses travaux : “il faut encore compter une dizaine d’années de travail pour développer ce type de médicaments”.
Pour qu’il n’y ait pas de dérive, un cadre éthique de la recherche sur les blastoïdes a été crée, en partenariat avec la Société internationale pour la recherche sur les cellules souches. Il stipule l’interdiction de transférer ces blastoïdes humains dans un utérus humain ou animal.