Entre un test en laboratoire mené pendant l’été et un autre réalisée durant l’hiver, les résultats peuvent être différents… C’est l’hypothèse qu’ont voulu vérifier deux chercheurs, Ziad Obermeyer et Devin Pope. Leurs travaux viennent d’être publiés dans la revue Med. D’après eux, cette variation des résultats peut avoir des conséquences sur la prise de décision médicale, notamment la prescription de médicaments. "Quand un médecin commande un test de laboratoire, il l'utilise pour comprendre sur ce qui se passe à l'intérieur de votre corps, mais nous nous sommes demandé si les résultats de ces tests pourraient également refléter quelque chose qui se passe à l'extérieur de votre corps, explique Ziad Obermeyer, co-auteur de l'étude. C'est exactement le genre de schéma que les médecins pourraient manquer. Nous ne le recherchons pas et les tests de laboratoire peuvent ainsi être faussés”.
La température influence plus de 90% des tests individuels
Pour mener leurs travaux, les scientifiques se sont appuyés sur les résultats de tests en laboratoire réalisés entre 2009 et 2015 dans différentes zones climatiques. Ceux-ci concernaient plus de quatre millions de patients, dont deux millions que les chercheurs ont classés en fonction de la température. Ils ont ainsi pu mesurer la façon dont les variations climatiques influencent ces tests. D’après leurs résultats, la température perturbe plus de 90% des tests individuels et plus de 51% de 75 autres analyses en laboratoire, dont celles de la fonction rénale, du cholestérol ou des triglycérides, souvent mesurés par le sang dans le cadre d’un bilan lipidique pour évaluer le risque de développer une maladie cardiovasculaire.
Moins de traitements prescrits en hiver ?
"Ces changements étaient minimes : moins d'un pour cent de différences dans la plupart des tests dans des conditions de température normales", rassure Ziad Obermeyer. Néanmoins, selon les chercheurs, les lipides analysés lorsque les températures sont plus basses montraient un risque cardiovasculaire plus faible qui n’était donc pas réel. Comme les médecins se basaient sur ces analyses faussées, il y avait environ 10% de prescription de médicaments en moins aux patients testés les jours les plus frais par rapport à ceux plus chauds. Autrement dit, une petite quantité de personnes qui auraient eu besoin de traitements ne s’en sont pas vu prescrire parce que leur test en laboratoire était faussé.
Un appel pour ajuster la température en laboratoire
Mais pourquoi la température joue sur les résultats ? Pour l’instant, les chercheurs n’ont pas la réponse mais ils émettent plusieurs hypothèses : le volume sanguin, les performances d'analyses spécifiques, le transport des échantillons ou encore les changements d'équipement de laboratoire. Pour les vérifier, des recherches supplémentaires devront être menées. "Quelle que soit leur cause, la température produit une variabilité indésirable de certains tests, ce qui peut fausser certaines décisions médicales importantes", insiste Devin Pope, l’autre auteur de l’étude. Parmi les solutions invoquées par les auteurs, ils conseillent aux laboratoires d’ajuster la température ambiante le jour du test… Une méthode peu coûteuse pour réduire la variabilité liée aux conditions météorologiques.