Trouble cardiaque touchant jusqu’à 750 000 Français, la fibrillation atriale, anciennement appelée fibrillation auriculaire, est caractérisée par une accélération et une irrégularité du rythme cardiaque. Ce rythme sinusal irrégulier peut entraîner la formation de caillots dans la cavité de l'oreillette du cœur, qui peuvent ensuite se déplacer du cœur vers le cerveau et provoquer un accident vasculaire cérébral (AVC). La fibrillation atriale peut également entraîner un affaiblissement de la cavité inférieure du cœur, ce qui provoque une accumulation de liquide ou une insuffisance cardiaque.
Parmi les traitements utilisés contre la fibrillation atriale, se trouve la cardioversion électrique. Contrairement à la défibrillation, qui utilise davantage d’énergie électrique à la poitrine, la cardioversion utilise des chocs électriques d’intensité moins importante pour resynchroniser les cellules cardiaques et ainsi rétablir un rythme cardiaque régulier.
Comment se déroule la cardioversion électrique ?
Si les complications sont rares en cas de cardioversion électrique, cette intervention nécessite toutefois une anesthésie générale. Elle est préparée en amont avec le cardiologue. "Il faut compter entre 3 semaines et un mois d’anticoagulation efficace et une consultation d’anesthésie avant de procéder au choc électrique, expliquait en décembre 2020 à Pourquoi Docteur Dominique Dabuty, cardiologue au CHU de Tours. L’intérêt c’est que bien souvent pendant ce moins de préparation anticoagulant, une partie des patients va spontanément revenir à un rythme sinusal."
L’opération, qui ne dure pas plus de 5 minutes, a lieu en ambulatoire, sur un patient à jeun au cours d’une brève anesthésie générale à l’hôpital. Un ou plusieurs chocs électriques seront délivrés pour rétablir le rythme sinusal. "Quand la charge est prête, on prend les palettes et on délivre le choc électrique en l’appliquant sur le torse du patient. Il faut faire en sorte que les palettes prennent l’oreillette dans leur champ. En appuyant comme cela, on délivre de l’énergie pour restaurer un rythme cardiaque normal", détaille le Docteur Xavier Waintraub, cardiologue à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière à Paris.
En cas d’anticoagulation insuffisante, la cardioversion peut être reportée car elle expose à un risque de formation de caillot intracardiaque et d’AVC.
Quels sont les risques et le taux de succès ?
La cardioversion électrique permet de rétablir à 90 % un rythme sinusal normal, mais ce taux de succès peut être amoindri en fonction de différents facteurs de risque : l’ancienneté de l’arythmie, des atteintes vavulaires, une obésité… Elle ne supprime pas non plus la cause de l’arythmie. Pour éviter une récidive, un traitement antiarythmique ou une ablation de fibrillation atriale peuvent être proposés.
Quant aux risques, outre celui de l’anesthésie générale, la cardioversion peut entraîner un rythme cardiaque trop lent ou une autre arythmie plus rapide. En cas d’anticoagulation insuffisance, un accident thrombo-embolique par migration d’un caillot sanguin intra cardiaque peut aussi avoir lieu.
Quelles sont les suites de l’opération ?
En l’absence de complications, le patient peut reprendre un quotidien normal quelques jours après l’opération. Il doit toutefois poursuivre son traitement anticoagulant. Son traitement antiarythmique peut aussi être adapté. Un point est fait avec le cardiologue environ 1 mois après l’intervention pour vérifier le maintien du rythme sinusal. Deux situations peuvent alors se présenter, énumère Dominique Dabuty. "Soit le cardiologue relève une anticoagulation à vie parce qu’il a une fibrillation auriculaire dite à haut risque soit on arrête parce que le patient va mieux."
Ci-dessous, notre émission Questions aux Experts sur la fibrillation atriale :