- Pourquoi docteur : Quelles sont les allergies les plus fréquentes en hiver ?
Dr Habib Chabane - Les allergies les plus fréquentes en hiver sont celles déclenchées par les acariens. En effet, la chute des températures pousse à moins aérer les pièces, à mettre du chauffage et à faire sécher le linge à l’intérieur, ce qui crée un microclimat favorable à ces allergènes.
Des allergies au pollen peuvent aussi se développer en hiver, car dans certaines régions, les arbres commencent à en émettre très tôt dans l’année.
- Comment se manifestent-elles ?
Elles peuvent se manifester chez les adultes comme chez les enfants, sous la forme de rhinite, de conjonctive, de bronchite, d’asthme, d’eczéma, d’infection, etc... Les yeux peuvent aussi piquer et le nez couler ou s’encombrer, avec des éternuements répétés.
- Quelles questions le médecin généraliste doit-il poser face à un patient allergique ?
Aucun symptôme n’est spécifique à l’allergie : on peut avoir le nez bouché et les yeux qui piquent pour différentes raisons. Le médecin généraliste doit donc d’abord questionner le patient sur ses symptômes et leur temporalité : quand se déclenchent-ils, à quelle fréquence et suite à quelles activités ? Il doit ensuite interroger le malade sur ses éventuels antécédents allergiques, personnels ou familiaux. Enfin, il faut demander à la personne si ses symptômes sont latéraux ou bilatéraux (l’allergie est souvent bilatérale, NDLR).
Je rappelle à cette occasion, car beaucoup de médecins se trompent à ce sujet, que ce n’est pas parce que la prescription d’antihistaminiques fonctionne que le patient est nécessairement allergique.
- Quel test le médecin généraliste doit-il prescrire pour être sûr que son patient est allergique ?
Pour savoir si c’est une allergie respiratoire, le médecin généraliste doit prescrire un test de recherche des IgE spécifiques de pneumallergènes, à ne surtout pas confondre avec un test d’identification.
- Quand faut-il consulter un allergologue ?
D’abord, il ne faut aller voir un spécialiste qu’à partir du moment où l’allergie est confirmée par le genre de test dont je viens de parler.
Il faut aussi consulter un allergologue si, malgré les traitements mis en place par le généraliste, les symptômes reviennent régulièrement et restent handicapants au quotidien, gênant par exemple la vie sociale, professionnelle ou le sommeil. Une personne allergique qui, malgré la prise de plusieurs médicaments (gouttes dans les yeux et le nez, comprimés...), souffre toujours de symptômes résiduels peut aussi prendre rendez-vous avec un spécialiste.
- Concrètement, qu’est-ce qu’un allergologue propose de plus aux malades ?
L’allergologue peut faire un bilan complet, qui sert à identifier précisément le ou les allergènes responsables des symptômes. Une fois l’allergène problématique identifié, l’allergologue va soit proposer des mesures d’éviction (des acariens, des moisissures, des chats, des chiens...), soit un processus de désensibilisation. A terme, cela peut permettre au malade de diminuer considérablement ses traitements, voire de s’en passer.
- Quels progrès ont été faits dernièrement au niveau des tests ?
L’arrivée de nouveaux tests biologiques permet désormais de savoir beaucoup plus précisément à quoi la personne est allergique, car ils détaillent la composition des éléments problématiques. Par exemple, dans un pollen de graminée, il n’y a pas un allergène, mais au moins 12, ce que les anciens tests ne pouvaient pas détailler.
- Qu’est-ce que cela change pour les personnes allergiques ?
Cela permet de mettre en place des traitements beaucoup plus ciblés, donc plus courts et plus efficaces.
- Peut-on parler d’une vraie révolution pour votre métier ?
Probablement. L’allergologie moléculaire a changé notre façon d’appréhender et de prendre en charge les patients. Les traitements que nous utilisons sont aussi mieux standardisés qu’avant. Enfin, les nouvelles recommandations des instances nationales et internationales d’allergologie ont permis de dégager de nouvelles règles de bonne pratique concernant la désensibilisation. Par exemple, depuis 2018, on ne fait plus d’injection sous-cutanée, car cela pouvait avoir des effets secondaires graves, voire mortels.