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QUESTION D'ACTU

TBK1

Comment notre système immunitaire acquiert de la mémoire ?

Un enzyme appelé TBK1 joue un rôle essentiel dans la programmation des lymphocytes B, des cellules immunitaires à l'origine de la production des anticorps.

Comment notre système immunitaire acquiert de la mémoire ? Dr_Microbe/iStock




L'ESSENTIEL
  • Pour garantir la mémoire immunitaire, les lymphocytes T jouent un rôle essentiel. Ce sont ces cellules qui vont apprendre aux lymphocytes T à se souvenir des agents pathogènes à attaquer.
  • Toutefois, un agent pathogène parvient à résister à la mémoire immunitaire : celui à l'origine du paludisme, ce qui signifie que l'on peut être réinfecté à plusieurs reprises. 
  • Les recherches, menées sur des souris génétiquement modifiées, montre le rôle-clé que joue l'enzyme TBK1 dans la mémoire immunitaire car c'est lui aide les lymphocytes B à produire des anticorps. Sans expression des gènes de cette protéines, les souris étaient plus susceptibles d'êtres infectées par le paludisme et d'en mourir.

Que se produit-il dans notre système immunitaire pour que celui-ci parvienne à stopper une infection qui s’est déjà produite par le passé ? Comment fonctionne cette mémoire immunitaire ?

Des scientifiques de l’université de Tokyo (Japon) ont tenté de répondre à cette question. Dans le Journal of Experimental Medicine, ils expliquent avoir, grâce à des recherches sur des souris, identifié une partie fondamentale de la mémoire à long terme du système immunitaire. Ils ont mis en lumière le rôle joué par l’enzyme TBK1 dans la décision du destin des lymphocytes B de mémoire du système immunitaire.

Les lymphocytes B, cellules indispensables à la mémoire immunitaire

Notre système immunitaire est constitué de nombreux types de cellules, mais deux ont particulièrement intéressé les chercheurs :  les globules blancs appelés lymphocytes T auxiliaires folliculaires CD4+ et les lymphocytes B, qui sont à l’origine de la réponse immunitaire humorale et produisent les anticorps.

Quand l’organisme reconnaît une infection, les lymphocytes T auxiliaires folliculaires libèrent des signaux chimiques qui amènent les lymphocytes B immatures à apprendre et à se souvenir des agents pathogènes à attaquer. Ce processus de signalisation entre les lymphocytes T et B et de formation des cellules B se produit dans une structure cellulaire temporaire appelée centre germinal. Ce centre se situe dans les organes du système immunitaire, notamment la rate, les ganglions lymphatiques et les amygdales.

Les lymphocytes B à mémoire développées dans le centre germinal mémorisent l’agent pathogène la première fois qu'il vous infecte et, s'il pénètre à nouveau dans votre organisme, ces cellules matures et entraînées l'attaquent en induisant la production d'anticorps avant que l'agent pathogène ne puisse se multiplier, ce qui vous évite de tomber malade une seconde fois.

C’est d’ailleurs l’objectif de la vaccination : celle de "produire des lymphocytes B à mémoire de haute qualité pour une production durable d'anticorps", explique la Pr Michelle S. J. Lee de l'Institut des sciences médicales de l'Université de Tokyo.

Pas de mémoire immunitaire pour le paludisme

Bien que fonctionnelle dans la majorité des cas, cette mémoire immunitaire ne fonctionne pas en cas d’infection au paludisme. Cela signifie qu’il n’y a pas de limite au nombre de fois où vous pouvez être piqué par des moustiques et réinfecté par le parasite. D'une manière ou d'une autre, celui-ci échappe aux lymphocytes B à mémoire.

C’est cette capacité du parasite à prévenir et à échapper aux lymphocytes B qui a intéressé les chercheurs. Dirigés par le professeur Cevayir Coban, à la tête de la division de l'immunologie du paludisme à l'Institut des sciences médicales de l'UTokyo, ils ont voulu étudier le rôle que joue la molécule TBK1 sur la mémoire immunitaire.

Depuis de nombreuses années, la communauté scientifique s’intéresse à cet enzyme appelé TBK1 qui peut modifier l'activité des gènes ou d'autres protéines en ajoutant des marqueurs chimiques, par un processus appelé phosphorylation. Jusqu’à présent, aucune étude n’avait relié TBK1 au destin des lymphocytes B et au centre germinal.

Le rôle-clé de TBK1 dans la mémoire immunitaire

Pour mieux comprendre le rôle de TBK1, les chercheurs ont utilisé des souris génétiquement modifiées qui présentaient un déficit en TBK1. Les souris ont ensuite infecté ces souris avec le parasite du paludisme, ont observé leur état de santé, puis ont examiné des échantillons de leur rate et de leurs ganglions lymphatiques.

Ces échantillons ont révélé que les centres germinaux ne se forment que chez les souris dont les lymphocytes B possèdent un enzyme TBK1 fonctionnelle. Les souris sans TBK1 dans leurs lymphocytes B étaient plus susceptibles de mourir et mouraient plus tôt de l'infection par le paludisme que leurs congénères normales.

"C'est la première fois que l'on montre que TBK1 est essentiel dans les cellules B pour former les centres germinaux et produire des anticorps matures de haute qualité", souligne la Pr Lee.

Les chercheurs espèrent qu’à terme, ces recherches permettront l’élaboration de vaccins capables de produire une immunité plus durable, potentiellement sans nécessiter de doses multiples de vaccin.

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