- Des scientifiques ont identifié des mécanismes précis des neurones impliqués dans l'anxiété et la douleur, ainsi que la manière dont ils peuvent influer sur le rythme respiratoire.
- Leurs découvertes pourraient aboutir à la mise au point d'un nouvel analgésique qui permettrait de réduire la douleur sans affecter la respiration.
Qui n'a jamais eu l'impression de suffoquer en apprenant une mauvaise nouvelle ou ressenti le besoin d'expirer un grand coup après avoir failli manquer un train ? Ce phénomène, que l'on va communément appeler "stress" ou "crise d'angoisse" (selon l'intensité de la situation vécue) décrit l'impact bien connu de nos émotions sur notre corps et notre rythme respiratoire. Mais comment cela fonctionne-t-il exactement et pourquoi un sentiment d'angoisse peut-il nous couper le souffle ? Pour tenter d'en savoir plus, des chercheurs américains du Salk Institute ont mené l'enquête.
Les scientifiques ont réalisé des expériences sur des souris et se sont focalisés sur un groupe de neurones spécifique situé dans le tronc cérébral : le noyau parabrachial latéral. Ils ont découvert que les neurones du noyau se projettent vers l'amygdale, une zone du cerveau qui traite la peur et la douleur. Ces mêmes neurones se dirigent vers le complexe de Bötzinger, une région qui génère le rythme respiratoire.
"Nous avons découvert des circuits très complexes impliquant une entrée en amont et en aval de ces neurones. En découvrant ce mécanisme de circuit, nous pouvons mieux expliquer pourquoi la respiration peut souvent être coordonnée avec la douleur et l'anxiété", explique l'auteur principal de l'étude Shijia Liu.
Une piste de traitement pour un nouvel analgésique
D'après les résultats de l'étude parue dans la revue Neuron, les neurones du noyau et de l'enveloppe s'influencent mutuellement en fonction des entrées provenant de ces zones, ce qui nous fait respirer de manière plus intense et saccadée lorsque nous ressentons de la douleur ou de l'anxiété. Ces découvertes pourraient conduire à la mise au point d'un analgésique qui préviendrait la détresse respiratoire induite par les opioïdes.
"Le plus gros problème aujourd'hui est que les opioïdes réduisent la douleur mais aussi la respiration, ce qui entraîne la mort des gens. En comprenant ces deux mécanismes dans le cadre de nos recherches, nous pourrons peut-être manipuler certaines populations de neurones par une intervention pharmacologique, de manière à pouvoir contrôler la douleur sans modifier la respiration", précise Shijia Liu.