310. C’est le nombre de cas confirmés de variant Omicron en France, au 16 décembre. Cette souche de la Covid-19, qui fait craindre une sixième vague, circule désormais dans 89 pays, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ce variant, classé comme "préoccupant", suscite des craintes à cause de son nombre élevé de mutations et son risque accru de réinfection. Au fil des semaines, plusieurs données concernant la contagiosité et la dangerosité du variant sud-africain sont publiées.
Une version très contagieuse du virus
Le 14 décembre, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, a signalé lors d’une conférence de presse que le variant Omicron se propageait "à un rythme que nous n’avons jamais vu avec aucun autre variant." Cette information a également été partagée par le Conseil scientifique dans un avis publié le 16 décembre. "L’impact des mutations observées pour les virus Omicron sur la contagiosité est confirmé, tant du fait d’un échappement immunitaire lié aux mutations localisées sur la protéine de spicule, que de sa capacité réplicative augmentée. La transmission est nettement augmentée par rapport au variant Delta."
D’après le Royaume-Uni, où le nombre de cas a maintenant dépassé celui du pic de janvier 2021, le variant Omicron serait entre 3,2 et 3,7 fois plus contagieux que le variant Delta. "Si c’est 10 % des cas de variant Omicron aujourd’hui dans notre pays, ça veut dire que la semaine prochaine c’est 25 ou 30 %, et ça veut dire que dans quinze jours il est majoritaire", a déclaré dans la matinale de France Inter, le ministre de la Santé Olivier Véran, le 18 décembre.
Le variant Omicron est-il plus dangereux que les autres ?
Pour l’heure, les scientifiques n’ont pas de données précises concernant la virulence du variant Omicron. Il est ainsi trop tôt pour savoir s’il est plus dangereux que les précédentes souches du virus.
"Nous avons les données d’Afrique du sud mais la population, plus jeune et moins vaccinée (30 %), n’est pas comparable avec la population européenne", a précisé, à Ouest-France, Jonathan Roux, épidémiologiste à l’école des Hautes études en santé publique de Rennes. Il a ajouté qu’il attendait les données du Royaume-Uni "où la population est plus proche de la population française : plus âgée et fortement vaccinée. On consolidera ces infos d’ici 10 à 15 jours : ce qui nous permettra de nous projeter et de savoir quel pourcentage de personnes finissent hospitalisées."
Selon plusieurs experts, dont la virologue Jinal Bhiman de l’Institut sud-africain des maladies infectieuses (NCID), interrogée par Sciences et Avenir, cette version plus contagieuse du coronavirus entraînerait des formes moins sévères que le variant Delta.
Deux doses de vaccin ne sont pas suffisantes
Plusieurs chercheurs tentent actuellement de déterminer si les vaccins disponibles sont capables de nous protéger du variant Omicron. Pour en avoir le cœur net, des scientifiques britanniques ont réalisé une étude, publiée sur le site de pré-publication medRxiv, le 14 décembre. Ces derniers l’ont mené auprès de 581 personnes touchées par le variant Omicron, 56.439 cas de variant Delta et 130.867 patients non-contaminés par la Covid-19.
Les résultats ont montré que deux doses du vaccin AstraZenena ne permettaient pas de lutter contre le variant Omicron. "L’efficacité du vaccin Pfizer après deux doses était estimée à 88 %, 2 à 9 semaines après la seconde dose. Elle est tombée entre 34 et 37 %, 15 semaines après la deuxième injection", peut-on lire dans les recherches. Les chercheurs ont constaté que le sérum Pfizer s’était montré efficace à 75,5 % deux semaines après la dose de rappel.
Une troisième dose serait efficace
Des scientifiques français se sont également intéressés à l’efficacité du vaccin contre le variant Omicron. Dans des travaux, qui ont fait l’objet d’une prépublication sur le site de bioRxiv le 16 décembre, ils ont étudié la sensibilité de la souche sud-africaine aux anticorps monoclonaux et aux anticorps présents dans le sang de personnes vaccinées ou ayant déjà été infectées par la Covid-19.
Les chercheurs ont observé que les anticorps présents dans le sang des personnes contaminées par le virus ou ayant reçu deux doses du vaccin Pfizer ou AstraZeneca ne neutralisaient quasiment plus le variant Omicron, cinq mois après la vaccination. En revanche, les auteurs des recherches ont noté qu’une troisième dose avec la formule de Pfizer augmentait fortement les taux d’anticorps et serait efficace contre le variant Omicron. "Il faut cependant de 5 à 31 fois plus d’anticorps pour neutraliser Omicron, en comparaison avec Delta", ont indiqué les scientifiques.
"Il est nécessaire maintenant d’étudier la durée de protection de la 3e dose de rappel. Les vaccins perdent donc probablement une forte efficacité contre l’acquisition du virus, mais devraient continuer à protéger contre les formes graves", a déclaré Olivier Schwartz, co-principal auteur de l’étude et directeur de l’unité Virus et Immunité à l’Institut Pasteur.