Actuellement, l’Assemblée Nationale est interrogée sur une proposition de loi destinée à renforcer le droit à l’IVG, qui comporte un allongement du délai légal de 14 à 16 semaines d’aménorrhée (SA). Dans ce cadre, le CNGOF, société savante de Gynécologie & d’Obstétrique, attire l’attention sur le fait que le geste d’IVG chirurgicale entre 14 et 16 SA change de nature. "A 14 SA, une aspiration du contenu utérin est encore possible. A 16 SA, il est nécessaire de dilater davantage le col utérin au risque de créer des lésions définitives, pouvant être responsables d’accouchements prématurés ultérieurs", expliquent les médecins.
"Désaffection des professionnels de santé"
"Les gestes nécessaires au-delà de 14 SA peuvent être source de complications pour les femmes, et leur pénibilité pourrait entraîner une désaffection des professionnels de santé qui les réalisent aujourd’hui (à l’instar de ce qui s’était produit lors du précédent allongement de 12 à 14 semaines d’aménorrhée en 2001)", ajoutent-ils. "Quant à la technique d’IVG médicamenteuse à ce terme, celle-ci nécessite des moyens en personnel qui ne sont absolument pas couverts par la nomenclature actuelle de cet acte", constatent-ils.
En revanche, le CNGOF propose que les moyens soient donnés aux établissements de santé pour que le délai maximal de prise en charge soit de 5 jours à compter de la demande faite par une femme d’interrompre sa grossesse. "Aucune femme n’espère une IVG tardive. Ce qu’elles demandent en revanche, c’est que leur prise en charge soit rapide lorsqu’elles décident d’interrompre leur grossesse. Certains établissements de santé, tout particulièrement dans les grandes métropoles, déjà saturés et en manque de moyens, ne peuvent donner de rendez-vous rapidement lorsqu’ils sont sollicités", expliquent les gynécologues. "Il nous semble plus judicieux, pour la santé des femmes, de donner aux établissements de santé les moyens de gérer les IVG comme des urgences", ajoutent-ils.
Pour une contraception gratuite
Même si la disponibilité de la contraception ne sera jamais à même d’éviter toutes les demandes d’IVG, le CNGOF souhaite également que l'accès à toutes les contraceptions soit gratuit. Par ailleurs, le renforcement des mesures de prévention par l’information dans les écoles doit être, selon les professionnels de santé, plus effectif : "il faut appliquer la loi du 4 novembre 2001 et vérifier que les séances d'information sur la vie sexuelle et affective ont bien lieu dans tous les établissements scolaires de France", conclut l'institution.