Depuis le lancement de la campagne de vaccination, le 27 décembre 2020, le sérum contre la Covid-19 est présenté comme l’arme la plus efficace pour venir à bout du virus. Mais le 22 décembre, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a signalé qu’administrer des doses de rappel ne permettrait pas de sortir de la pandémie. "Des programmes de rappel sans discernement ont toutes les chances de prolonger la pandémie, plutôt que d'y mettre fin, en détournant les doses disponibles vers les pays qui ont déjà des taux de vaccination élevés, offrant ainsi au virus plus de possibilités de se répandre et de muter", a-t-il ajouté lors d’un point presse à Genève.
On le sait : le vaccin ne confère pas une immunité totale contre la Covid-19 et ses variants. C’est pourquoi de nombreux chercheurs continuent de développer et de tester des remèdes qui pourraient être capables de prévenir les formes graves et de soigner le coronavirus. A ce jour, lesquels sont réellement efficaces ?
La dexaméthasone, un corticoïde contre les formes graves
Parmi les différents traitements testés, certains ont été validés par l’OMS. C’est le cas du dexaméthasone. Ce médicament, qui existe depuis les années 1960, est un corticoïde. Il est utilisé pour traiter de nombreuses maladies car il a des effets anti-inflammatoires et immunosuppresseurs. Dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, ce dernier permet de contrer l’orage cytokinique, à savoir une violente réponse inflammatoire du système immunitaire qui attaque plusieurs organes comme les poumons.
L’autorité sanitaire a donné son feu vert pour l’utilisation de ce médicament après avoir consulté les résultats de l’essai clinique national britannique appelé "Recovery". Ses données ont montré que la dexaméthasone apportait des bénéfices aux patients gravement touchés par la Covid-19. "Selon les résultats préliminaires, ce traitement réduit d’environ un tiers la mortalité des patients placés sous respirateur et d’environ un cinquième la mortalité des patients placés uniquement sous oxygène", peut-on lire sur son site. L’OMS recommande son usage chez les personnes atteintes d’une forme sévère ou critique de la maladie.
Quelques temps après l’accord de l’OMS, l’Agence Européenne du Médicament (EMA) a, elle aussi, approuvé le recours à ce traitement chez les adultes et les adolescents (à partir de 12 ans et pesant au moins 40 kg) admis à l'hôpital, qui nécessitent l’administration d’oxygène.
Le tocilizumab, un immunosuppresseur efficace contre le virus
Un autre médicament, connu sous le nom de"RoActemra" et prescrit pour traiter l’arthrite, peut désormais être utilisé par les patients hospitalisés pour une forme grave de Covid-19. En juillet dernier, l’OMS avait indiqué que "les antagonistes de l’interleukine 6 (le tocilizumab et le sarilumab) ont pour effet de supprimer" un emballement de la réponse immunitaire chez les personnes souffrant d’une forme grave ou critique de la maladie.
Le 6 décembre, l’EMA a donné son accord pour l’utilisation du tocilizumab. Dans un communiqué, l’autorité sanitaire a préconisé l’usage de ce médicament chez les malades qui bénéficient de corticostéroïdes et ont besoin d’une administration d’oxygène. "L'étude a montré que le traitement par RoActemra administré en perfusion réduit le risque de décès. (…) Mais une augmentation de la mortalité ne peut être exclue lors de l'utilisation de RoActemra chez les patients qui ne bénéficient pas de corticostéroïdes", a-t-elle ajouté.
Le ronapreve, deux anticorps monoclonaux contre les formes sévères
Le Ronapreve, un traitement composé deux anticorps monoclonaux (casirivimab et imdevimab), peut aussi être utilisé pour traiter la Covid-19 en France. "L’association casirivimab et imdevimab est indiquée chez les patients adultes et les enfants âgés de 12 ans et plus, n’ayant pas développé du fait de leur immunodépression une réponse vaccinale satisfaisante et ceux à très haut risque de forme sévère de Covid-19", a développé la HAS dans un avis publié le 6 août dernier.
Problème : ce traitement, injecté en intraveineuse, s’est montré inefficace face au variant Omicron, car il ne cible pas précisément les origines de la souche sud-africaine, qui seraient similaires à celles des virus circulant en 2020 (le variant Omicron ne descend pas des lignées Alpha, Beta ou Delta, NDLR).
Le lagevrio, la pilule à base de molnupiravir
Le 19 novembre dernier, l’EMA a également approuvé l’utilisation du médicament à base de molnupiravir du laboratoire Merck, appelé "Lagevrio", pour lutter contre le coronavirus. L’Agence a expliqué que ce cachet, "qui n'est actuellement pas autorisé dans l'Union européenne, peut être utilisé pour soigner les adultes atteints de Covid-19 qui ne nécessitent pas d'oxygène et qui présentent un risque accru de développer une forme sévère de Covid-19."
Le 10 décembre, la Haute Autorité de Santé (HAS) n’a pas donné son accord pour l’accès précoce à ce médicament en traitement curatif des formes légères et modérées de Covid-19. "Les résultats d’efficacité avancés par le laboratoire sont moins bons que ceux des traitements disponibles : 30 % de réduction des risques de progression vers la forme grave de la Covid-19, alors que l’efficacité pour les anticorps monoclonaux casirivimab-imdevimab est d’environ 80 % sur ce même critère", peut-on lire dans son avis.
Le paxlovid, le comprimé à utiliser en cas d’urgence
Le laboratoire Pfizer a mis au point un traitement oral, appelé "Paxlovid", pour diminuer la capacité du virus à se répliquer et freiner le développement de la maladie. Ce comprimé a été validé par l’EMA le 16 décembre. Il peut être utilisé par les patients atteints de Covid-19 qui ne nécessitent pas d'oxygène supplémentaire et qui présentent un risque accru de développer une forme sévère de la maladie. Il est à utiliser en cas d’urgence, par exemple lors d’une hausse des cas de coronavirus et des décès liée au virus.
L’autorité sanitaire a pris cette décision après avoir analysé les résultats d’une étude qui a déterminé l’efficacité et la sécurité du Paxlovid. Les recherches ont été menées auprès de personnes non vaccinées qui étaient atteintes de Covid-19. Selon les données, environ 1 % des patients (6 sur 607) ayant pris Paxlovid dans les cinq jours suivant le début des symptômes ont été hospitalisés dans les 28 jours suivant le début du traitement, contre 6,7 % des patients (41 sur 612) ayant reçu un placebo. "Aucun des patients du groupe Paxlovid n'est décédé, contre 10 patients du groupe placebo", a signalé l’étude.
L’evusheld, le traitement par injection intramusculaire
Le médicament "AZD7442", aussi appelé "Evusheld", élaboré par le laboratoire AstraZeneca, peut être utilisé pour les adultes à très haut risque de forme sévère de Covid-19. C’est ce qu’a annoncé la HAS le 10 décembre. Ce dernier a été mis au point à partir d’une association d’anticorps monoclonaux et serait administré par injection intramusculaire.
D’après l’autorité sanitaire, "les résultats montrent qu’Evusheld réduit l’incidence des cas d’infections symptomatiques au SARS-CoV-2 d’environ 80 % et apporte une durée de protection d’au moins 6 mois après l’administration d’une dose unique (de 300 mg) de cette association d’anticorps monoclonaux." Ce traitement n’est pas indiqué pour les patients qui ont au moins deux facteurs de risque cardiovasculaire (dyslipidémie, diabète, obésité, hypertension, tabagisme, âge avancé...).