Depuis le début de la pandémie, les hôpitaux français sont sous tension. Lors des différentes vagues épidémiques, les professionnels de santé ont vu, au fur et à mesure, de plus en plus de lits de réanimation occupés par des patients atteints de la Covid-19. Face à la hausse des hospitalisations et le manque de praticiens, épuisés par l’épidémie, ils ont dû déprogrammer plusieurs examens et opérations jugés "non-urgents" pour libérer les lits et du personnel.
Dans un communiqué publié le 18 mars dernier par le Conseil National Professionnel Médecine Intensive Réanimation, les médecins réanimateurs ont réclamé une augmentation des moyens humains et des capacités de réanimation. "Avec un peu plus de 5000 lits de réanimation soit 7 lits pour 100 000 habitants, la France est sous dotée. Chaque année pendant la période hivernale propice aux épidémies comme la grippe, le taux d’occupation des lits de réanimation oscille déjà entre 90 % et 100 % dans de nombreuses régions. Un taux qui ne permet pas de faire face à une situation de crise sanitaire", a détaillé le CNP-MIR.
"20 %" des lits d’hospitalisation fermés
Quelques mois après cette réclamation faite par les professionnels de santé, une enquête flash dirigée par le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy a révélé un nouveau chiffre concernant la fermeture de lit dans les établissements de santé. Malgré "un recours déjà important et en augmentation aux heures supplémentaires et à l’intérim", 20 % des lits d’hospitalisations, soit un sur cinq, ont été fermés, et ce dans tous les secteurs de soins, faute de soignants.
Face à cette donnée alarmante, le ministre de la Santé a commandé une enquête pour déterminer le nombre exact de lits fermés. "Le chiffre de 20 %, j’aurais tendance, comme ça, à le contester. Et en tous les cas parce que j’aime profondément la science et qu’avant de m’exprimer, je vérifie de ne pas raconter n’importe quoi, j’ai demandé à avoir une étude la plus exhaustive possible sur l’état de fermeture" des lits, a déclaré Olivier Véran le 27 octobre, lors d’une audition à l’Assemblée nationale sur le projet de loi de finances pour 2022.
"Une baisse de 2%" des lits par rapport à 2019
Les résultats de l’enquête ministérielle, réalisée par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), ont été publiés le 16 décembre et relayés par Le Monde. Cette dernière, qui compare le nombre de lits d’une année sur l’autre, ne confirmerait ni n’infirmerait le chiffre de l’enquête de Jean-François Delfraissy.
Selon l’étude, le nombre de lits dans les hôpitaux aurait baissé de 2 % en octobre par rapport à la fin 2019, c'est-à-dire juste avant l’émergence du coronavirus. La chirurgie fait partie des secteurs les plus impactés par cette diminution. En revanche, une progression des capacités ambulatoires a été observée.
"Nous ne nions pas les difficultés de certains services, notamment dans les hôpitaux cumulant turnover, absentéisme et déploiement très fort du personnel sur les soins critiques. Mais il n’y a pas de saturation globale", a indiqué la DGOS. Elle a spécifié que ces informations ont été recueillies avant la hausse des hospitalisations causées par la cinquième vague et la réactivation du plan blanc dans plusieurs établissements de santé.