La dépression touche plus d'un jeune Français sur douze. Les adolescents sont particulièrement exposés aux troubles mentaux. La solution pour en réduire l'incidence pourrait venir d'une étude canadienne menée au Royaume-Uni. 19 lycées du Grand Londres, séparés en deux groupes, ont participé à une expérience. Dans le premier groupe, aucune modification n’a été apportée aux méthodes d'éducation. Dans le second, les enseignants ont appris comment intervenir auprès des élèves présentant un risque de trouble mental. L’incidence des problèmes de santé psychique ont chuté d’au moins 20% dans le deuxième cas.
Deux interventions de 90 minutes
Les enseignants formés ont évalué les facteurs de risques de troubles mentaux des ados participants en s'appuyant sur une échelle de personnalité. L'impulsivité, le désespoir, la sensibilité, l’anxiété et la recherche de sensations fortes sont les principaux marqueurs. Etre impulsif, par exemple, multiplie par cinq le risque de développer des troubles du comportement.
Les interventions se constituent de deux séances de 90 minutes en groupe. Elles s’apparentent à des thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Une TCC vise à remplacer de pensées négatives et un comportement inadapté par des pensées et une action en adéquation avec la réalité.
Les jeunes d’un même groupe évoquent des scènes de vie réelle vécues par leurs congénères. Ils partagent leurs pensées, leurs émotions, leurs traits de comportement. Avec l’aide des enseignants formés, ils ont appris à identifier les facteurs qui déclenchent les émotions et comment les gérer. Pendant les deux années qui ont suivi les interventions, les adolescents ont rempli un questionnaire d’évaluation de leur santé mentale tous les six mois.
Moins de problèmes de santé mentale chez les adolescents sensibilisés
Les résultats de l’expérience démontrent que les adolescents sensibilisés aux facteurs de risque sont moins touchés par les troubles mentaux. Après deux ans d’observation, les jeunes du deuxième groupe ont connu un tiers de troubles mentaux en moins. L’anxiété et les troubles comportementaux ont baissé dans la même proportion. Les cas de dépression étaient aussi moins nombreux que dans le groupe non sensibilisé.
L’étude conclut qu’une brève intervention est aussi efficace que durable lorsqu’elle s’effectue dans un cadre scolaire. Une seconde expérience sera menée dans 32 écoles de Montréal pour évaluer l’efficacité d’un tel programme. L'objectif à terme est de prouver qu'il est possible d'aider les adolescents sans la présence d'un psychologue. La mise en place des ces interventions pourrait faire chuter fortement les taux de troubles mentaux.