Touchant plus de 300 millions de personnes dans le monde selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la dépression est une maladie mentale qu’il est encore aujourd’hui difficile à traiter. Les antidépresseurs existants ont un effet faible, voire nul, chez près d’un patient sur deux. Et il faut par ailleurs un certain temps – trois à cinq semaines environ – pour que le traitement commence à produire des effets sur l’humeur et sur l’anxiété.
D’où la nécessité d’identifier des approches personnalisées pour chaque patient et de pouvoir vérifier l’efficacité des traitements médicamenteux qu’ils reçoivent.
Une découverte faite par des chercheurs de l’université de l’Illinois à Chicago semble être sur la bonne voie. Dans une étude publiée dans la revue dans Molecular Psychiatry, ils expliquent avoir identifié dans les plaquettes sanguines un biomarqueur permettant de suivre l’étendue de la dépression.
Un biomarqueur identifiant la dépression
Cette découverte s’appuie sur des études antérieures qui ont montré, chez l'humain et dans des modèles animaux, que la dépression est liée à une diminution de l'adénylyl cyclase - une petite molécule à l'intérieur de la cellule qui est fabriquée en réponse à des neurotransmetteurs tels que la sérotonine et l'épinéphrine.
"Lorsque vous êtes déprimé, l'adénylyl cyclase est faible. La raison pour laquelle l'adénylyl cyclase est atténuée est que la protéine intermédiaire qui permet au neurotransmetteur de fabriquer l'adénylyl cyclase, Gs alpha, est coincée dans une matrice riche en cholestérol de la membrane - un radeau lipidique - où ils ne fonctionnent pas très bien", explique Mark Rasenick, qui a dirigé l’étude.
Avec son équipe, il a mis au point un test sanguin identifiant le biomarqueur cellulaire de la translocation de la Gs alpha des radeaux lipidiques Rasenick. Ce test permet non seulement d’identifier la présence d’une dépression, mais aussi la réponse thérapeutique adéquate.
Mieux soigner la dépression grâce au test sanguin
Les chercheurs espèrent pouvoir utiliser ce test sanguin pour déterminer si les thérapies antidépressives sont efficaces et ce, dès une semaine après le début du traitement. En effet, de précédentes études ont montré que lorsque les patients présentaient une amélioration de leurs symptômes de dépression, la protéine Gs alpha était sortie du radeau lipidique. En revanche, chez les patients qui prenaient des antidépresseurs mais dont les symptômes ne s'amélioraient pas, la protéine Gs alpha restait coincée dans le radeau, ce qui signifie que la simple présence d'antidépresseurs dans le sang ne suffit pas à améliorer les symptômes.
Un test sanguin pourrait donc permettre de savoir si Gs alpha est sortie ou non du radeau lipidique après une semaine.
"Comme les plaquettes se renouvellent en une semaine, vous verriez un changement chez les personnes qui vont s'améliorer. Vous seriez en mesure de voir le biomarqueur qui devrait présager de la réussite du traitement", espère le Pr Rasenick.