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Innovation

Hypertension : un clip de doigt pour éviter l’effet "blouse blanche"

Par Mégane Fleury

L'appareil fournit plusieurs données médicales, en plus de la tension artérielle : la fréquence cardiaque, la saturation en oxygène du sang, la température corporelle et la fréquence respiratoire. 

NitaYuko/istock
La tension artérielle correspond à la pression du sang dans les artères.
Les données recueillies par l’appareil sont transmises à un ordinateur : c’est un algorithme qui effectue le calcul de la pression artérielle.
L'outil pourrait être utilisé dans des études médicales afin de déterminer quelles données vitales sont impliquées dans certaines maladies, comme la Covid-19.

Les médecins rendent nerveux, et ils n’y peuvent rien ! Plusieurs études ont démontré qu’il existe un effet "blouse blanche" : la présence d’un médecin stresse les patients, sans qu’ils en soient conscients. Cela se concrétise par une hausse anormale de la tension artérielle. Or, cette donnée médicale est importante, elle permet de détecter différentes pathologies, dont l’hypertension artérielle. Des chercheurs américains ont créé un outil de mesure de la tension artérielle qui pourrait lutter contre ce biais. Ils présentent leur appareil dans la revue scientifique IEEE Sensors Journal.

Cinq secondes pour obtenir la pression artérielle 

Cette nouvelle machine a la forme d’un clip de doigt : elle permet de mesurer la pression artérielle, la fréquence cardiaque, la saturation en oxygène du sang, la température corporelle et la fréquence respiratoire. "En règle générale, le calcul de la pression artérielle d'une personne dans un hôpital ou une clinique implique l'utilisation d'un brassard gonflable enroulé autour de son bras, mais cette méthode présente trois problèmes : elle peut endommager les artères de quelqu'un si elle est effectuée à plusieurs reprises dans un court laps de temps ; la pression artérielle peut augmenter en raison de la nervosité et cela peut prendre jusqu'à 30 secondes", explique l’un des auteurs de cette étude, Richard Byfield. Ce nouvel appareil permet de mesurer la pression artérielle en seulement cinq secondes, grâce à des capteurs optiques placés au bout du doigt qui mesurent la quantité de lumière réfléchie par les vaisseaux sanguins sous la surface de la peau. Les deux capteurs, appelés PPG pour photopléthysmographie, sont situés à deux points différents sur un doigt pour capturer le pouls d'une personne afin de calculer la vitesse de l'onde de pouls ou la vitesse à laquelle le sang circule.

Des taux de précision élevés

Un premier test a été réalisé avec 26 participants : le taux de précision était d'environ 90 % pour la pression artérielle systolique et de 63 % pour la pression artérielle diastolique. Selon Richard Byfield, cette variation est normale car la pression diastolique, qui est la pression artérielle minimale d'une personne, peut changer considérablement en fonction de l'âge d'une personne et peut également être contrôlée par divers facteurs, notamment l'âge, la rigidité artérielle, la santé globale et le poids corporel. Le scientifique reconnaît qu’il peut y avoir des problèmes avec ce type de mesure : "si vous déplacez un capteur PPG pendant qu'il lit, cela peut affecter les ondes qui sont enregistrées", explique-t-il.

Une future commercialisation ? 

Un brevet provisoire a été déposé pour cet appareil. Les chercheurs travaillent actuellement à son développement pour un usage à domicile, mais il pourrait aussi être utilisé dans le milieu hospitalier. Selon eux, cela pourrait permettre au personnel soignant d’obtenir plusieurs données vitales pour le patient avec un seul appareil, et ainsi soulager leur charge de travail