Et si le requin devenait le meilleur ami de l’homme ? Ses cellules immunitaires pourraient être précieuses pour la santé humaine. Dans une étude parue dans la revue Nature, des chercheurs montrent que certaines protéines, appelées VNARs, essentielles au système immunitaire de ces poissons, sont capables d’empêcher l’infection des cellules humaines par les coronavirus, et même le variant Omicron du SARS-CoV-2. Un espoir alors que l'ANSM vient de restreindre l'utilisation de trois traitement par anticorps e synthèse autorisés en France qui ne seraient pas efficaces contre le variant Omicron. Seul l'un d'entre-eux, le Romapreve, continue de pouvoir être utilisé contre les formes graves liées à une infection par le variant Delta.
Des protéines aux actions différéntes
Mais un nouvel espoir dans la prise en charge des patients Covid pourrait donc venir d'anticorps de requins. Les auteurs de la recherche qui ouvre cette piste sont des scientifiques de l'Université du Wisconsin-Madison. Ils précisent que les VNARs mesurent un dixième de la taille des anticorps humains. "Ces petites protéines de type anticorps peuvent pénétrer dans des coins et recoins auxquels les anticorps humains ne peuvent pas accéder, explique Aaron LeBeau. Ils peuvent former ces géométries très uniques. Cela leur permet de reconnaître des structures dans les protéines non-repérables par nos anticorps humains." Cette capacité des VNARs à se lier aux protéines infectieuses de manière unique, leur confère cette capacité à stopper l’infection. Au total, deux VNARs ont été retenus par les chercheurs : 3B4 et 2C02. Le premier empêche le virus de s’attacher aux cellules humaines, le second désactive la protéine Spike. D’après les chercheurs, le VNARs 3B4 est le plus efficace car il est capable d'agir contre différents types de coronavirus, dont le variant Delta de SARS-CoV-2. "Cette recherche a été menée avant la découverte du variant omicron, mais les modèles initiaux suggèrent que le VNAR resterait efficace contre cette nouvelle version", précise Aaron LeBeau.
Une assurance contre l’avenir
Selon lui, cette protéine serait même un outil potentiel contre des virus qui n'ont pas encore infecté les humains."Ce que nous faisons, c'est préparer un arsenal de thérapies VNAR de requins qui pourraient être utilisées ultérieurement pour de futures épidémies de SRAS, explique le chercheur. C’est une sorte d’assurance contre l’avenir." Ces protéines de requin ont neutralisé le WIV1-CoV, un coronavirus capable d'infecter les cellules humaines mais qui ne circule actuellement que chez les chauves-souris, d'où le SARS-CoV-2 est probablement originaire. "Le gros problème est qu'un certain nombre de coronavirus sont sur le point d'émerger chez l'homme", insiste Aaron LeBeau. Les médicaments créés impliqueraient probablement un cocktail de plusieurs VNAR de requins pour maximiser leur efficacité. Les auteurs expliquent que cette nouvelle classe de médicaments est moins chère et plus facile à fabriquer que les anticorps humains, et peut être administrée dans le corps par diverses voies, mais elle n'a pas encore été testée chez l’homme. Elle serait destinée aux personnes qui ne répondent pas bien à la vaccination, celles qui souffrent d’immunodépression par exemple.