Lors d’une conférence de presse précédant la 26e édition du CPLF, le Pr Claire Andréjak, pneumologue au CHU d'Amiens-Picardie et responsable d’un groupe de recherche en pneumo-infectiologie (GREPI), a fait le bilan de deux années de crise sanitaire.
"Sans les vaccins, l’hôpital serait mort"
L’année 2021 a bien sûr été d’abord marquée par l’arrivée des vaccins anti-Covid. "Ils ne sont peut-être pas parfaits, mais ils ont changé la donne, en protégeant des formes graves et en limitant les contaminations", rappelle Claire Andréjak. "Si nous n’avions pas eu ces vaccins, aujourd’hui, l’hôpital serait mort", poursuit la spécialiste.
"Les anticorps monoclonaux sont efficaces"
Concernant les traitements contre le coronavirus, "les anticorps monoclonaux ont révolutionné les soins, notamment pour les personnes qui ne répondent pas à la vaccination. Ils sont efficaces contre la majorité des variants, sauf malheureusement pour Omicron. Ils ne seront donc pas utilisés dans ce dernier cas", explique Claire Andréjak.
"De nouvelles molécules prometteuses"
Outre les anticorps monoclonaux, de nouvelles molécules curatives* sont ou devraient prochainement arriver sur le marché. "Elles sont prometteuses, mais pour être efficaces, elles doivent être administrées très précocement, ce qui implique une organisation particulière, notamment au niveau des tests", estime la pneumologue. "Il faudra également bien cibler les patients qui en ont besoin, pour ne pas se retrouver face à des problèmes de production", ajoute-t-elle.
"Il faut parler de dose de rappel, pas de troisième dose"
Concernant la troisième dose, désormais exigée dans le futur pass vaccinal, Claire Andréjak estime que ce terme n’est pas approprié. "Il ne faut pas parler de troisième dose mais de dose de rappel, car au bout de deux injections, le schéma vaccinal est bien terminé. L’immunité est déjà là, et les interventions qui suivent ne font que la rebooster". Elle rappelle aussi "que rares sont les vaccins où une seule dose suffit. Les enfants sont vaccinés contre certaines maladies (polio, coqueluche, tétanos) à 4 mois, puis ont des rappels à un an, à 6 ans, parfois même à l’âge adulte". Et d’ajouter : "seul l’avenir nous dira s’il faut faire une deuxième dose de rappel (ou 4 dose, NDLR), et si oui, quel sera le bon moment".
"Moins de patients en réa avec Omicron"
A propos du variant Omicron, qui progresse de manière fulgurante sur tout le territoire français, "les premières données montrent qu’il est plus transmissible mais moins pathogène. Il y aura donc probablement moins de patients en réanimation lors de cette vague, avec un impact plutôt dirigé sur les soins classiques", analyse Claire Andréjak. Dans le service marseillais du Dr Hervé Pegliasco, "tous les patients en réanimation sont touchés par le variant Delta, il n’y a pour le moment aucun cas Omicron", confirme le pneumologue de l’Hôpital Européen.
"Il va falloir sortir du dépister, tracer, isoler"
Enfin, "le Sras-cov-2 ne disparaîtra pas, on va vivre avec. Si Omicron s’avère effectivement très contagieux et peu pathogène, il pourrait remplacer Delta, permettre la tant attendue immunité collective et devenir un virus classique de l’hiver, que l’on pourra laisser circuler car les cas graves resteront limités. Bien sûr, le recul est encore trop faible, et ces tendances encourageantes restent à confirmer !", termine Claire Andréjak. Et de conclure : "avec Omicron, la stratégie gouvernementale qui consiste à dépister, tracer et isoler ne va bientôt plus être faisable, il va falloir à un moment donné en sortir".
*Les antiviraux appelés Molnupiravir (déjà disponible) et Paxlovid (en cours d’évaluation).