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Colon irritable : l'hydrothérapie est-elle efficace ?

Par Aude Solente

L'hydrothérapie du côlon, très similaire au lavement d'autrefois, connaît un certain regain de popularité. Problème : d'après les scientifiques, elle ne sert strictement à rien. Alors : pratique inutile ou pas ? On a essayé de trancher.

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L'hydrothérapie, version moderne de k'antique "lavement" est une pratique de plus en plus courante
Les médecins et la communauté scientifique s'accordent pour ne lui trouver aucune vertu thérapeutique

Longtemps tombée aux oubliettes, l'irrigation du côlon fait son retour. En France, cette pratique qui consiste tout simplement à nettoyer le côlon dans son intégralité, gagne du terrain. Et au-delà des frontières, en Allemagne, en Suisse ou encore aux Etats-Unis, elle fait de plus en plus d'adeptes. 

Les gourous du bien-être et autres adeptes d’un style de vie des plus "healthy", semblent ne jurer que par elle. Plus encore, ils la créditent de tout un tas de bénéfices. Le premier, on s’en doute, une meilleure digestion. Mais ça ne s’arrête pas là ! Selon eux, laver son côlon régulièrement permettrait également de tomber moins souvent malade, d’avoir une plus jolie peau et, globalement, d’être plus en forme au quotidien.

Problème : si cette pratique gagne du terrain en France, elle y est aussi fortement critiquée par les médecins qui la jugent sinon dangereuse, du moins infondée et complètement inutile. 

Hydrothérapie : les arguments des adeptes

L’irrigation du côlon ou hydrothérapie, est un nettoyage en profondeur du côlon. Mais concrètement, cela veut dire quoi ? Question à laquelle Dominique Depont, naturopathe et praticienne en hydrothérapie, répond : “C’est une méthode douce, c’est une technique de detox, de naturopathie et d’entretien”. 

En clair, poursuit la thérapeute : “On va venir nettoyer le côlon en insérant de l’eau, via une canule, dans le rectum. C’est cette eau, ainsi que les massages réalisés en parallèle, qui vont permettre de vider le côlon”. Résultat, continue-t-elle, à l’issue de la séance le gros intestin est propre : “On allège le système digestif, on décolle les toxines qu’il s’agisse des selles ou du vieux microbiote, on stoppe les inflammations…”.

En somme : l’irrigation du côlon, ce serait un entretien d’hygiène intestinal. S le système digestif ne pose aucun problème alors, il est conseillé de n’en faire qu’une fois par an. Mais, si au contraire, on souffre de ballonnements, diarrhées… on peut y avoir recours un peu plus souvent pour, comme le souligne la spécialiste, “remettre le transit en route”. 

Mais le problème, répondent les médecins, c’est qu’il n’est en rien nécessaire, ni utile, de venir purifier le gros intestin. 

Hydrothérapie : les critiques des détracteurs 

Comme on l’a évoqué plus haut, l'irrigation du côlon permettrait, d’après ses défenseurs, d’aider le côlon, à se débarrasser des toxines. En d’autres termes, l'hydrothérapie permettrait d’éviter l’auto-intoxication. Or, c’est là tout le problème : d’après la communauté scientifique, l’auto-intoxication est une invention, un faux problème qui n’existe pas. 

“On ne peut pas parler de science lorsque l’on parle d’hydrothérapie. Au 19ème siècle, les ingénieurs ont inventé des machines afin d’automatiser les lavements coliques. Problème : elles ne se vendaient pas. Ainsi, dans les années qui ont suivi, un nouveau concept a été inventé, celui de l’auto-empoisonnement et ces mêmes machines ont été remises au goût du jour. Mais, il ne s'agissait que d’une démarche purement commerciale”, rappelle le docteur Philippe Godeberge, gastro-entérologue. 

De plus, poursuit le médecin, l’hydrothérapie qui s’apparente en réalité aux lavements que l’on faisait autrefois, “est une médecine du Moyen-Age”. “Autrefois, on estimait qu’il y avait des humeurs mauvaises dans le corps et qu’il fallait les vidanger soit pas une saignée soit par des clystères. Le clystère ou l’hydrothérapie sont moins agressifs que les saignées, mais c’est le même niveau de preuve scientifique”, tranche le scientifique.

Par ailleurs, développe le gastro-entérologue,aucune publication scientifique n'a validé le bénéfice de ces techniques. Et, qui plus est, elles sont basées sur une méconnaissance de l’anatomie. Lorsque l’on fait un lavement avant une coloscopie, la paroi est niquel : oui, dans le côlon on trouvera des selles, mais c’est sa fonction.

Vous l’aurez donc compris, du côté des médecins la méthode ne séduit guère. Mais, toute aussi scientifiquement infondée qu’elle soit, si elle n’est pas dangereuse, ne peut-elle pas parfois soulager ? 

Hydrothérapie : la pratique

Le déroulé des séances est assez simple : la première, plus longue que les autres, est dédiée à une discussion ouverte sur les objectifs du patient, les raisons de sa présence, ses douleurs.. et ensuite, place à l’hydrothérapie ; les deux séances suivantes sont, quant à elles, entièrement consacrées au “soin”. Pourquoi trois séances ? Parce que le colon est composé de trois parties, on les nettoie donc les unes après les autres au fil des séances. De plus, pour quelqu’un qui n’aurait jamais fait d’hydrothérapie, cela permet de relancer le système digestif, de remettre les compteurs à zéro.

Chaque séance d’hydrothérapie -hormis la première- dure environ 45 minutes. Et le soin est indolore. Tout se déroule allongé sur une table de massage. C’est ce massage, ajouté à l’eau, qui propulse les toxines, les selles, les mucus… hors du côlon.

"Si vous avez réellement des problèmes de digestion, l’hydrothérapie soulage, elle ne s'apparente pas au simple fait d’aller à la selle, elle fait beaucoup plus de bien. Et pour cause, elle dégonfle", raconte une patiente qui a suivi ces séances.  Mais y a-t-elle vu un changement sur le long terme ? Là, par contre, la réponse est: "non !"