- 1 million de personnes sont atteintes de la sclérose en plaques en Europe
- Dans le monde, cette pathologie concerne 2,8 millions de patients.
110 000 personnes sont concernées par la sclérose en plaques en France, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Il s’agit de la première cause de handicap sévère non traumatique chez les jeunes adultes.
Actuellement, il n’existe pas de traitement curatif de cette maladie. Les seuls proposés visent à soulager les patients et améliorer leur qualité de vie. Mais selon une nouvelle étude menée en Allemagne et publiée dans le British Medical Journal (BMJ), des chercheurs pourraient bien en avoir découvert un. Fait étonnant : celui-ci serait à base d’encens !
L’acide boswellique et la 5-lipoxygenase
"Au départ, des travaux préliminaires menés dans les années 90 ont montré la présence en grande quantité d'une enzyme, la 5-lipoxygenase, dans le cerveau des malades de la sclérose en plaques", explique Klarissa Hanja Stürner, l'un des auteurs de l'étude. La 5-lipoxygenase fait partie d’une classe de lipides qui fonctionne comme un messager de l'inflammation dans le corps. Mais quel rapport avec l’encens ? Le lien est l’acide boswellique, présent dans la résine qui sert à fabriquer l’encens. Celle-ci inhibe justement l’action de la 5-lipoxygenase ce qui, en cas d'administration à un patient, pourrait diminuer l’inflammation de sa maladie.
"Nous supposons que les acides boswelliques sont les principes bioactifs de l'encens, qui est utilisé depuis des milliers d'années comme substance anti-inflammatoire dans la médecine traditionnelle orientale et orientale, estiment les chercheurs. Plusieurs petits essais cliniques randomisés ont montré un profil d'innocuité et de tolérance favorable des extraits d'encens dans un certain nombre de maladies inflammatoires et auto-immunes".
De l’encens sous forme de gélules
Pour vérifier que l'acide boswellique pouvait être efficace pour traiter la sclérose en plaques, les scientifiques ont mené un essai clinique sur 28 volontaires atteints de cette maladie. Pendant huit mois, ils ont pris trois fois par jour quatre gélules à base d’encens, sous la forme d'extrait d'éthanol. Et les résultats sont probants : "les niveaux d'inflammation des patients traités avec des extraits d'encens étaient nettement plus bas, de l'ordre de 63% sur l'ensemble des patients, et certains d'entre eux n'avaient plus d'inflammation du tout dans le cerveau", développe Klarissa Hanja Stürner. Parmi les effets bénéfiques de ce traitement, certains patients ont eu moins de rechutes de la maladie durant les mois où ils prenaient les gélules. Une rechute peut être définie comme une période durant laquelle les symptômes de la sclérose en plaques s'aggravent ou de nouveaux symptômes apparaissent.
Les scientifiques comptent mener de nouveaux essais cliniques afin de mieux comprendre les mécanismes d’action de l'acide boswellique et, à terme, élaborer un nouveau traitement pour la sclérose en plaques.