- Une xénogreffe correspond à la transplantation d’un organe venant d’une autre espèce biologique.
- Depuis plusieurs années, les valves des cœurs de porc sont utilisées dans les opérations chez l’humain.
- En France, 24 000 personnes sont en attente d’une greffe.
C’était sa dernière chance et c’est une première mondiale. Aux États-Unis, un patient a été greffé avec un cœur de porc, génétiquement modifié. "C'était soit mourir, soit faire cette greffe", a confié David Bennett, à la veille de son opération. Ce patient, âgé de 57 ans, est atteint d’une maladie cardiaque au stade terminal et ne pouvait pas recevoir de greffe "traditionnelle". Il a été opéré au centre médical de l’université du Maryland.
Un cœur porcin adapté pour la greffe
David Bennett a été admis à l'hôpital plus de six semaines plus tôt à cause d’une arythmie potentiellement mortelle. Il était relié à une machine, appelée oxygénation extracorporelle par membrane (ECMO), pour rester en vie. Pour qu’il puisse tolérer cette greffe, les médecins ont du modifier génétiquement un cœur de porc. Trois gènes ont été supprimés car ils sont associés à un rejet du greffon lorsqu’ils sont exposés au système immunitaire humain. En parallèle, six gènes humains ont été ajoutés au cœur de porc, pour limiter le risque de rejet. Trois jours après la transplantation, le patient se portait bien : c’est la première fois qu'un cœur animal génétiquement modifié parvient à fonctionner comme un cœur humain sans rejet immédiat par le corps. Au cours des prochaines semaines et mois, David Bennett sera étroitement surveillé.
Une autorisation exceptionnelle
La Food and Drug Administration, l’autorité sanitaire américaine, a accordé une autorisation d'urgence pour cette chirurgie le soir du Nouvel, grâce à une disposition autorisant les produits médicaux expérimentaux lorsqu’ils sont la seule option disponible pour un patient confronté à une maladie grave ou dont les jours sont en danger. "Nous restons prudents, mais nous sommes également optimistes quant au fait que cette première intervention chirurgicale au monde offrira une nouvelle option importante pour les patients à l’avenir", estime Bartley P. Griffith, le chirurgien qui a réalisé cette greffe, dans un communiqué.
Une solution pour les milliers de personnes sur liste d’attente ?
Aux États-Unis, plus de 100 000 personnes attendent une greffe, et chaque jour, 17 personnes décèdent sans avoir pu recevoir le précieux organe. Ce nouveau type d’opération pourrait contribuer à réduire la liste d’attente. "Il s'agit d'une chirurgie révolutionnaire qui nous rapproche un peu plus de la résolution de la crise de pénurie d’organes, estime Bartley P. Griffith. Il n'y a tout simplement pas assez de cœurs humains de donneurs disponibles pour répondre à la longue liste de receveurs potentiels." Ce n’est pas la première fois que ce type de greffe est réalisé : en octobre dernier, une greffe avec un rein de porc a fonctionné. En 1984, Stephanie Fae Beauclair a été le premier enfant à subir une greffe d’organe, provenant d’un animal. Atteinte d’une maladie cardiaque, elle avait reçu le cœur d’un singe, et a pu survivre quelques semaines après l’opération.