- La consommation d’insectes est appelée entomophagie.
- 80% de la population mondiale consomme déjà des insectes.
- Le cycle de récolte des insectes est d’environ 45 jours, contre 36 mois pour les animaux de ferme traditionnels.
Dix milliards d’humains vivront sur terre en 2050. Face à l’épuisement des ressources, à l’accès parfois difficile à l’eau et aux terres agricoles, comment pourra-t-on nourrir toute la population ? Les insectes sont l’une des solutions. "Je ne dis pas que les insectes remplaceront nos animaux de ferme, mais c'est une alternative qui semble plus durable que ce que nous faisons actuellement", explique Jacek Jaczynski, professeur de science alimentaire au sein de l’université de Virginie Occidentale. Il rappelle que les insectes ont une durée de vie courte, qu’ils se reproduisent rapidement et qu’ils ont un habitat et des besoins nutritionnels simples. Avec son équipe, il a trouvé une manière d’isoler les protéines des insectes, pour les rendre plus facilement consommables. Leurs travaux sont publiés dans la revue spécialisée LWT.
Comment isoler les protéines ?
Leur technique d’isolement des protéines, aujourd’hui brevetée, permet la purification et la concentration de protéines provenant de différentes sources. "Par exemple, le lait contient de l'eau, des graisses, des glucides, des vitamines, des minéraux et diverses protéines telles que la caséine et le lactosérum, détaille Jacek Jaczynski. La protéine de lactosérum peut être isolée par divers processus d'isolement, qui éliminent l'eau, les graisses, les glucides, etc. Ce processus permet d'obtenir un isolat de protéine de lactosérum ou une protéine purifiée et concentrée." Cet isolat est régulièrement utilisé aujourd’hui pour mettre au point des aliments enrichis en protéines. "Avec les insectes, notre objectif est d'extraire sélectivement ces nutriments, comme les protéines et les lipides", ajoute le chercheur. Pour y parvenir, ils utilisent une technique dite de précipitation de la solubilité au pH, qui permet d’avoir des isolats de bonne qualité. "La précipitation est le contraire de la solubilité, indique-t-il. Lorsque la protéine se dissout dans une solution, elle disparaît visuellement de cette solution, comme le sucre ou le sel, tandis que lorsque la protéine précipite, elle réapparaît visuellement."
Pourquoi isoler les protéines des insectes ?
C'est pour rendre la consommation d'insectes plus attrayante, que les chercheurs suggèrent de transformer l'insecte en poudre, comme c’est déjà le cas pour les grains, réduits en farine. Aujourd’hui, l'alimentation à base d'insectes est largement répandue à travers le monde, mais peine à s’imposer dans les cultures occidentales. "C'est une minorité qui ne consomme pas d’insectes", estime Jacek Jaczynski. "Nous devons trouver un moyen d'extraire et d'isoler des nutriments de haute qualité et développer des prototypes qui plairont bien à nos papilles gustatives." Au total, plus de 2 000 espèces d’insectes ont été identifiées comme étant sans danger pour la consommation humaine.