Notre cerveau ne dort jamais. La nuit, il fait le tri de toutes les informations reçues pendant la journée, certains neurones s’activent pour nous plonger dans des phases de sommeil spécifiques. Ainsi, il agit comme une tour de contrôle, dont l’activité ne cesse jamais, et qui serait capable de nous alerter de tout signal anormal. C’est ce qu’expliquent des chercheurs dans JNeurosci. Durant notre sommeil, l’activité cérébrale s’intensifie en cas de bruit inconnu.
Des modifications de l’activité cérébrale
Ces scientifiques de l'Université de Salzbourg, en Allemagne, ont mesuré l'activité cérébrale de 17 adultes endormis. L’étude s’est déroulé sur deux jours : la première nuit avait pour objectif de mettre les participants à l’aise, et l’expérience a démarré lors de la seconde. Pendant leur sommeil, les scientifiques ont diffusé des enregistrements de voix connues et inconnues, qui prononçaient leur nom et des prénoms inconnus. Le niveau sonore était suffisamment faible pour que cela ne les réveille pas. Les voix inconnues ont suscité plus de complexes K, un type d'onde cérébrale lié aux perturbations sensorielles pendant le sommeil, par rapport aux voix familières. Ces dernières peuvent aussi générer des complexes K, mais celles déclenchées par des voix inconnues s'accompagnent de changements à grande échelle de l'activité cérébrale.
Une alarme interne
Au fil de la nuit, et à mesure que les extraits étaient diffusés, les réponses cérébrales à la voix inconnue se sont moins souvent produites. En somme, la voix est devenue plus familière, ce qui montre que le cerveau peut encore être capable d'apprendre pendant le sommeil. Selon les auteurs, ces résultats prouvent que les complexes K permettent au cerveau d'entrer dans un "mode de traitement sentinelle", où le cerveau reste endormi mais conserve la capacité de répondre aux stimuli. L’organe continue d'effectuer ces tâches internes, mais en parallèle, il est capable de réagir en cas d’informations nouvelles. "Des voix inconnues ne devraient pas nous parler la nuit, explique Manuel Schabus, l’un des auteurs de cette recherche. Cela déclenche une alarme dans le cerveau." Il ajoute que ce processus pourrait expliquer pourquoi nous avons parfois du mal à dormir dans des environnements nouveaux, comme des chambres d’hôtel.