- Le carbone suie peut causer des affections respiratoires chroniques, des atteintes neurologiques et des maladies cardiovasculaires.
- Les piétons et les cyclistes sont moins exposés aux concentrations de carbone de suie que les usagers des transports en commun et motorisés. Mais, ils inhalent plus de polluant aérien durant leurs trajets.
"Des travaux épidémiologiques suggèrent que les usagers de véhicules motorisés sont plus exposés aux polluants atmosphériques que les usagers de transports dits 'actifs' (marche ou vélo). Cependant, ces recherches s'appuient souvent sur des échantillons insuffisamment diversifiés et ne prennent pas en compte le rôle de la ventilation par minute, qui a un effet sur la dose de particules inhalée par chaque personne". C’est le constat fait par des chercheurs de l’Inserm et de l'université de La Sorbonne.
Quels sont les usagers les plus exposés au carbone suie ?
Afin de quantifier les concentrations de carbone suie auxquelles sont exposés les usagers des différents types de transports et les quantités inhalées durant leurs trajets, les scientifiques ont réalisé une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Environment International. Pour rappel, le carbone suie est un polluant aérien produit par le trafic automobile.
Pour les besoins de leurs recherches, l’équipe a suivi 283 personnes entre 2018 et 2020. Ces derniers se déplaçaient dans le Grand Paris. L’exposition individuelle au carbone suie a été mesurée grâce à un capteur porté en bandoulière à l’épaule par chaque participant, soit au niveau de leur zone de respiration (à proximité du nez et de la bouche). Les déplacements et les modes de transport ont été évalués à partir de données GPS et d'enquêtes sur la mobilité. Les concentrations et les quantités de carbone suie inhalées par les participants ont été comparées avec les moyens de transports.
Les piétons et les cyclistes inhalent plus de carbone suie
D’après les résultats, les transports en commun et motorisés étaient associés à une concentration, dans la zone de respiration, de 2,20 μg et de 2,29 μg de carbone suie par m3 d’air en moyenne, respectivement. Ces concentrations étaient supérieures à celle de la marche.
Pour une même période de 30 minutes, les usagers de transports dits "actifs" inhalaient une dose de polluant estimée à 0,41 µg, tandis que les personnes prenant les transports publics ou utilisant la voiture présentaient une dose inhalée de 0,25 µg et de 0,19 µg de carbone suie.
"Ainsi, bien que moins exposés en termes de concentrations de carbone suie que les usagers des transports motorisés, les piétons et cyclistes inhalent davantage de ce polluant pour un temps de trajet équivalent", peut-on lire dans un communiqué de l’Inserm.
"Il est toutefois important de préciser que l’inhalation de polluants aériens ne constitue qu’un élément du tableau des bénéfices et des risques associés aux différents modes de transport, et qu’il faut également considérer les autres pièces du puzzle que sont l’exposition au bruit, le stress dans les transports et l’activité physique réalisée, pour laquelle la pratique de la marche et du vélo est largement recommandée", a déclaré Basile Chaix, directeur de recherche Inserm et auteur de l’étude.