Cligner rapidement des yeux, secouer la tête ou se racler la gorge plusieurs fois d’affilée… Ces mouvements musculaires brusques, répétitifs et incontrôlables, souvent amplifiés par des situations de stress, de colère ou d’anxiété sont des tics. Pour les personnes qui en souffrent, ils peuvent s’avérer très gênants. Bien qu’ils ne soient pas considérés comme graves, ils peuvent toutefois être le signe d’une maladie plus grave comme le syndrome Gilles de la Tourette. Des traitements pharmacologiques peuvent être proposés aux patients lorsque les tics sont trop invalidants mais, en règle générale et quand il ne s’agit pas du syndrome de la Tourette, c’est d’abord un suivi psychologique qui leur est proposé afin de comprendre l’origine de ceux-ci. Plusieurs causes sont mises en avant par les chercheurs pour expliquer l’émergence de tics, comme des changements dans la vie d’un individu, le stress, le manque de sommeil ou encore - mais sans que cela ne soit réellement prouvé - un lien avec les neurones.
Un réseau de neurones présent dans différentes zones du cerveau…
Une nouvelle étude pourrait bien renforcer cette dernière hypothèse. Selon les chercheurs, dont les travaux ont été publiés dans la revue Brain, un réseau spécifique de neurones pourrait être responsable de l’apparition des tics. "Au cours des dernières années, les neuroscientifiques ont identifié un certain nombre de zones différentes du cerveau qui sont impliquées dans les tics, estime Andreas Horn, l’un des auteurs. Malgré ces avancées récentes, certaines questions importantes sont restées sans réponse : laquelle de ces régions cérébrales est responsable de ces tics ? Laquelle d'entre elles devient active afin de compenser les processus défectueux ? Nous avons maintenant pu montrer que ce n'est pas une seule région du cerveau qui est responsable des tics. Au contraire, ils sont causés par un réseau comprenant différentes zones du cerveau”.
…et qui contrôle de nombreuses fonctions
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont étudié les données de santé de 22 patients souffrant de tics à cause d’une lésion cérébrale provoquée par un accident vasculaire cérébral ou un traumatisme. Forts de ces informations, ils les ont transformées en une carte détaillée des zones cérébrales contenant ces lésions et de toutes les autres zones du cerveau qui pouvaient, via des fibres nerveuses, être en lien avec ces lésions. Ainsi, ils ont pu montrer que presque toutes les lésions cérébrales des patients - quelle que soit leur localisation précise dans le cerveau - faisaient partie d'un même réseau neuronal qui s’étendait sur plusieurs zones. "Ces structures sont réparties presque dans tout le cerveau et ont un large éventail de fonctions, comme le contrôle moteur au traitement des émotions, explique Bassam Al-Fatly, l’un des auteurs. Nous savons maintenant que ces régions du cerveau forment un réseau et qu'elles peuvent être à l’origine des tics."
Vers un nouveau traitement ?
Cette découverte a permis aux chercheurs de tester une nouvelle méthode thérapeutique pour soulager les tics des patients atteints du syndrome de la Tourette : la stimulation cérébrale profonde via des dispositifs ressemblant à des stimulateurs cardiaques. Pour cela, les électrodes avaient été placées dans différentes zones du cerveau. Résultat : quand elles se situaient sur le réseau neuronal découvert par les scientifiques - en lien donc avec les tics - les patients en avaient beaucoup moins. À terme, cette découverte pourrait donc permettre de mettre au point un nouveau traitement pour les personnes qui souffrent de tics.