Des vaccins expérimentaux, inefficaces, cytotoxiques, qui rendraient magnétiques et produiraient de graves effets secondaires... Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les fausses informations se propagent très rapidement, et à grand échelle, sur les réseaux sociaux. Parmi ces infox, celles sur la dangerosité des vaccins sont particulièrement relayées.
Selon une étude menée par des chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH) et publiée dans JAMA Network Open, les personnes souffrant de dépression seraient particulièrement sensibles à ce discours complotiste. En cause : leur biais général vers la négativité, qui les pousseraient à être plus réceptives à la désinformation liée aux vaccins contre la Covid-19.
"L'un des aspects remarquables de la dépression est qu'elle peut amener les gens à voir le monde différemment, un peu à l'opposé des lunettes roses. En d'autres termes, pour certaines personnes déprimées, le monde apparaît comme un endroit particulièrement sombre et dangereux, explique Roy H. Perlis, auteur principal de l’étude. Nous nous sommes demandé si les personnes qui voient le monde de cette façon pouvaient aussi être plus susceptibles de croire les informations erronées sur les vaccins. Si vous pensez déjà que le monde est un endroit dangereux, vous pourriez être plus enclin à croire que les vaccins sont dangereux - même s'ils ne le sont pas."
Un lien entre dépression et adhésion aux fake news sur les vaccins
Pour le savoir, les chercheurs ont examiné les réponses de 15 464 adultes vivant aux États-Unis à une enquête en ligne menée entre mai et juillet 2021. Les participants ont aussi répondu à un questionnaire mesurant les symptômes de dépression.
Les résultats montrent que les participants présentant des symptômes dépressifs majeurs modérés étaient plus susceptibles d'approuver au moins une des quatre fausses déclarations sur les vaccins Covid-19 présentes dans l’enquête, et que ceux qui approuvaient ces déclarations étaient moins susceptibles de se faire vacciner. Plus précisément, la présence d'une dépression était associée à une probabilité 2,2 fois plus élevée de croire en des informations erronées concernant les vaccins, et les personnes adhérant à au moins une infox étaient deux fois moins susceptibles d'être vaccinées et 2,7 fois plus susceptibles de déclarer une résistance au vaccin.
Soigner la dépression pour limiter la portée des fausses informations
Les chercheurs ont par la suite analysé les données d’un sous-ensemble de 2 809 personnes qui ont accepté de répondre à une nouvelle enquête deux mois plus tard. Celles souffrant de dépression lors de la première enquête étaient à nouveau deux fois plus susceptibles que les autres d'approuver de nouvelles fausses informations que lors de l'enquête précédente.
"Si nous ne pouvons pas conclure que la dépression est à l'origine de cette susceptibilité, l'examen d'une deuxième vague de données nous a au moins permis de constater que la dépression a précédé la désinformation. En d'autres termes, ce n'est pas la désinformation qui rendait les gens plus déprimés", souligne le Pr Perlis.
Le premier auteur insiste sur le fait que ces résultats ne rejettent en aucun cas la responsabilité de la désinformation sur les personnes dépressives, mais suggèrent plutôt que la dépression peut rendre les gens plus vulnérables à la désinformation. "En s'attaquant aux niveaux extrêmement élevés de dépression dans ce pays pendant la pandémie, nous pourrions réduire la susceptibilité des gens à la désinformation", espère le chercheur, qui rappelle qu’il s’agit d’une étude d’observation, qui ne peut donc pas prouver que la dépression est la cause de la vulnérabilité aux infox.