- Les rétrovirus endogènes sont des séquences du génome humain ayant des analogies avec des rétrovirus
- Ces rétrovirus endogènes sont généralement inactifs et non pathogènes mais le SARS-CoV-2 pourrait réactiver l'un d'entre-eux
Le SARS-CoV-2 responsable de la pandémie de Covid-19 n'aurait pas encore livré tous ses mystères. La dernière découverte le concernant, réalisée par des chercheurs français, espagnols et mexicains, laisse penser que ce coronavirus réveillerait un rétrovirus endogène et que c'est ce mécanisme qui pourrait être à l'origine des formes graves de la Covid-19. L'étude -en attente de relecture- a été publiée sur medRxiv.
Le terme rétrovirus fait peur : ces virus se répliquent en s'intégrant dans le génome de la cellule hôte et le plus connu d'entre eux n'est autre que le VIH, responsable du SIDA. Mais les rétrovirus endogènes -des séquences du génome humain ayant des analogies avec certains rétrovirus- sont, eux, généralement inactifs et sans conséquence pathogène pour l'organisme. Sauf que la fameuse protéine S du SARS-CoV-2 serait capable de réactiver les HERV, gènes de l'un de ces rétrovirus endogènes, en dormance dans le génome humain. Et de provoquer ainsi les formes graves de la Covid-19.
Des lymphocytes T porteurs de traces d'HERV
C'est à partir d'une expérience in-vitro que les scientifiques ont identifié ce mécanisme. Ils ont analysé et comparé des cellules sanguines infectées les unes avec le SARS-CoV-2 et les autres avec seulement la protéine S du coronavirus, celle qui lui permet d'infecter les cellules de l'organisme. Et pour toutes les cellules sanguines analysées dans l'expérience, les lymphocytes T produits en réaction à l'infection portaient des traces d'HERV.
Si ce phénomène semble ne pas concerner toutes les personnes infectées par le SARS-CoV-2 -les HERV n'auraient été détectés que chez 20 à 30% de patients testés positifs-, on les retrouve en revanche chez tous les patients hospitalisés pour des formes graves de la Covid. Et surtout, en analysant les données de tissus cardiaque, pulmonaire et cérébral de personnes décédées de la maladie, les chercheurs ont observé la présence d'HERV.
Ils en concluent donc "qu'un pourcentage de personnes présentant une susceptibilité d'évolution sévère de la maladie pouvait être lié à l'activation, d'HERV". Ce qui ferait de ces virus endogène ainsi réactivés à la fois des marqueurs biologiques des formes graves de la Covid mais aussi la cible potentielle de nouveaux traitements.