Les acteurs de la vie politique ont intérêt à choisir les mots qu'ils emploient lorsqu'ils communiquent sur les réseaux sociaux. Alors que la France va entrer pour de bon dans la campagne pour l'élection présidentielle, des travaux menés par l'université de Rotterdam sur les tweets diffusés par Donald Trump durant sa présidence viennent de montrer comment le vocabulaire de la communication politique peut révéler des propos mensongers ou approximatifs. Cette étude a été publiée dans la revue Psychological Science.
Un modèle pour prédire si des informations sont vraies ou fausses
Particulièrement prolixe sur le réseau Twitter -il aurait diffusé plus de 33 messages par jour durant sa dernière année de présidence des Etats-Unis-, Donald Trump a offert aux chercheurs une référence de choix ! Ceux-ci ont étudié à la fois les tweets du dirigeant américain et la manière dont ils ont été analysés par tous ceux qui ont traqué les "fake news", que ces messages pouvaient contenir. Résultat, ils ont démontré que le choix des mots utilisés était différent lorsque le message était faux ou incorrect. Et ils ont ainsi déterminé une sorte de modèle universel permettant de prédire si un tweet contenait des informations vraies ou fausses.
"Nous avons créé des modèles de langage pouvant indiquer si des déclarations sont trompeuses et ces modèles peuvent aider à détecter les mensonges dans d'autres contextes", avertissent les chercheurs par la voix de Sophie van der Zee, première auteure de l'article. Et elle précise que dans le cas de Donald Trump, "son langage était si cohérent que dans les trois quarts des cas notre modèle basé uniquement sur l'utilisation de certains mots pouvait prédire si ses tweets étaient factuels ou non".
Les propos de Trump véridiques dans trois tweets sur quatre
C'est en croisant trois mois de tweets présidentiels avec les éléments factuels de messages diffusés par le Washington Post que les chercheurs ont créé un modèle permettant d'affirmer que les propos de Donald Trump étaient véridiques dans trois tweets sur quatre. Pour s'assurer que les données utilisées ne constituaient pas un biais pouvant fausser les résultats de leurs travaux, ils ont supprimé tous les messages qui ne reflétaient pas le vocabulaire propre à Donald Trump, c'est à dire les citations ou les propos retweetés.
"Notre document constitue un avertissement pour toutes les personnes partageant des informations en ligne puisque nous montrons que les mots que les gens utilisent dans ce cas peuvent révéler des informations sensibles sur l'expéditeur, y compris une indication de leur fiabilité", conclut Sophie van der Zee.