Les périodes d’isolement en cas d’infection à la Covid-19 sont-elles trop courtes ?
En France, les délais de quarantaine ont changé au fil de protocoles sanitaires en cas de test positif au SARS-CoV-2. De deux semaines au tout début de la crise sanitaires, elles été progressivement réduites.
Aujourd’hui, une personne au schéma vaccinal complet doit s’isoler entre 5 et 7 jours en cas de test positif et une personne non-vaccinée entre 7 et 10 jours.
Or, selon une nouvelle étude menée par l’université de Sao Paulo (USP) et la Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz) au Brésil, ces périodes d’isolement sont bien plus courtes que le temps durant lequel le virus est toujours détectable dans notre organisme. Elle vient d’être publiée dans la revue Frontiers in Medicine.
Une activité virale qui dure en moyenne 33 jours
Entre avril et novembre 2020, les chercheurs ont suivi 38 cas de Covid-19. Sur ces 38 cas, "deux hommes et une femme étaient atypiques dans le sens où le virus a été détecté en continu dans leur organisme pendant plus de 70 jours, explique Marielton dos Passos Cunha, premier auteur de l’étude. Sur la base de ce résultat, nous pouvons dire qu'environ 8 % des personnes infectées par le SARS-CoV-2 peuvent être capables de transmettre le virus pendant plus de deux mois, sans nécessairement manifester de symptômes au cours de la phase finale de l'infection."
L’objectif des chercheurs était de déterminer si une période de 14 jours d’isolement est vraiment suffisante pour que le virus ne soit plus détectable. Or, ce n’est pas le cas. "Il faut parfois un mois pour qu'un patient soit négatif, et dans certains cas inclus dans notre étude, les patients sont restés positifs pendant 71 à 232 jours", souligne Paola Minoprio, l'une des coordinatrices de la plate-forme et chercheuse principale de l'étude.
Dans la majorité des cas, les patients suivis ont présenté une durée d’activité virale comprise en moyenne entre 22 et 33 jours. Dans le cas des trois patients à l’activité virale atypique, le virus est resté détectable pendant 71 jours chez la femme et 81 jours chez l'un des deux hommes. Aucun d'entre eux n'avait de comorbidités et tous présentaient des symptômes légers de Covid-19.
Un patient testé positif pendant 232 jours
Cependant, le deuxième homme a continué à être testé positif au coronavirus pendant 232 jours, soit entre avril et novembre 2020. Séropositif, il prenait un traitement antirétroviral et n’avait donc pas de charge virale détectable. La Pr Minoprio souligne toutefois que le fait qu’il soit séropositif au VIH "ne signifie pas qu'il est plus sensible à d'autres infections, car il a suivi la thérapie depuis son diagnostic". Le patient n’était pas immunodéprimé et donc "sa capacité à répondre à une infection par un autre agent est comparable à celle de tout autre individu".
Les tests hebdomadaires menés sur le patient ont permis de voir qu’il ne s’agissait pas d’une réinfection et que le virus continuait non seulement à se répliquer mais aussi à muter. Le virus réussissait à échapper au système immunitaire en contournant les défenses de l’organisme, à savoir les anticorps neutralisants. Cela signifie que la charge virale diminuait quand les anticorps étaient nombreux, puis elle repartait à la hausse.
"Il est important d'observer des patients comme celui-ci, car nous pouvons en apprendre davantage sur la façon dont le virus mute et sur les mutations qui peuvent donner naissance à des variants préoccupants", indique le Pr Cunha.
Ces données sont en tout cas "une preuve supplémentaire que le port du masque et la distanciation sociale sont les meilleurs moyens de contrôler la pandémie".