- En France, on estime qu'environ 80 % des bébés naissent par voie basse et 20 % par césarienne.
- Lorsqu’ils naissent par césarienne, les bébés ne bénéficient pas des mêmes bactéries saines pour constituer leur microbiome vaginal que ceux nés par voie basse.
- Ce microbiome vaginal peut toutefois être altéré si la mère souffre d'une maladie chronique (diabète, hypertension...) ou en cas d'alimentation pauvre en fibres.
Lorsqu’ils viennent au monde par voie basse, les bébés passent par le vagin de leur avant d’être confronté à l’air qui les environne. Ils récupèrent alors les bactéries vaginales et de la zone du périnée qui vont coloniser son corps et son système digestif pour constituer son premier microbiote. Ces bactéries sont indispensables car elles participent au bon développement du système immunitaire.
Cependant, certaines femmes atteintes de maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension, mais aussi celles vivant dans des quartiers défavorisés où l’accès aux soins et à la nutrition est limité, présentent davantage de risque d’avoir un microbiome vaginal malsain, ce qui augmente la probabilité d’infections. "Nous savons que ce qui est sain pour la mère l'est aussi pour le développement du cerveau du bébé et que, par ailleurs, le stress contribue au risque de maladie", explique Tracy Bale, professeure de pharmacologie et autrice principale d’une étude publiée dans Nature Communications.
Accompagnée de ses collègues chercheurs de la faculté de médecine de l'université du Maryland, Tracy Bale montre qu'un microbiome vaginal malsain chez les mères enceintes, associé à un régime alimentaire malsain, contribuait à une augmentation de la mortalité des petits et à une altération du développement des bébés survivants.
Un risque de mortalité plus élevé
Pour savoir si un microbiome vaginal malsain pouvait affecter le développement du bébé, la chercheuse et son équipe ont utilisé des petits de souris ont testé des échantillons du microbiome vaginal de femmes enceintes auprès de bébés souris nés par césarienne. Ils ont d'abord appliqué les échantillons bactériens sains ou malsains dans le vagin de la souris pour recréer l'environnement gestationnel. Ensuite, les petits nés par césarienne ont ingéré les mêmes microbiomes vaginaux, imitant ainsi l'exposition à la naissance par voie vaginale.
Les chercheurs ont étudié les gènes activés et désactivés dans le cerveau des petits pour voir comment les microbes vaginaux des mères affectaient le développement de leurs petits. Ils ont constaté que le système immunitaire de ces petits était activé et développé très tôt.
Pour modéliser les populations vulnérables, les chercheurs ont ensuite répété l’étude, mais ont ajouté le facteur de risque du prédiabète et de l'obésité en remplaçant la nourriture saine des souris enceintes, par un régime malsain, riche en graisses et pauvre en fibres. 60 % des souriceaux exposés aux microbiomes humains malsains et nourris avec le régime malsain sont morts dans les 48 heures suivant la naissance. En revanche, avec la même exposition au microbiome, mais avec un régime sain riche en fibres, le taux de mortalité a diminué de plus de la moitié.
Le rôle-clé d’une bonne alimentation
Pour le Dr Bale, ces résultats s’expliquent parce que les fibres solubles, comme celles qu’on trouve dans les fruits et légumes, fermentent dans l'intestin, ce qui permet aux bactéries de produire des acides gras à chaîne courte, nécessaires au développement du cerveau du bébé et qui sont également des agents anti-inflammatoires efficaces pour la maman.
"La composante du microbiome vaginal a entraîné des changements spectaculaires dans le cerveau par le biais du développement du système immunitaire du fœtus, et il semble que ce système immunitaire hyperactif augmente le risque de mortalité infantile", détaille la chercheuse, qui espère que ces travaux permettront d'améliorer la santé des mères et de leur enfant en réduisant les taux de mortalité infantile, en particulier chez les populations les plus vulnérables.