Les dépressifs, le meilleur public des "fake news" circulant à propos de la vaccination anti-Covid ? Pour les chercheurs de l'Hôpital Général du Massachusets, la réponse est "oui", même s'ils se refusent à valider tout lien formel entre dépression et adhésion à la désinformation et parlent plutôt d'une "susceptibilité" dans une étude qui vient d'être publié dans la revue JAMA Network Open.
Les conclusions de ces scientifiques reposent sur le rôle de ce que l'on appelle le "biais cognitif", un réflexe inconscient qui permet à la pensée de s'éloigner de ce qui est logique. Et la dépression est un des facteurs qui peuvent aggraver ce risque de distance avec la rationalité. Ainsi, les chercheurs se sont interrogés sur l'influence de ce "biais cognitif" dans les sujets de santé et plus particulièrement dans celui des campagnes de vaccination.
Des questions sur quatre théories circulant sur les réseaux sociaux
Pour mener leurs travaux, ils ont utilisé les données provenant d'une étude américaine sur les sources d'information sur la pandémie de Covid-19. Celle-ci avait consisté à interroger plus de 15 000 personnes sur l'ensemble des Etats-Unis en intégrant des questions sur la crédibilité de théories circulant sur les réseaux sociaux à propos de la vaccination comme la présence de puces intégrées dans les vaccins, leur effet sur la fertilité, leur capacité à changer l'ADN ou leur élaboration à partir de foetus avortés.
Les participants à cette étude ayant par ailleurs également répondu à un questionnaire sur leur santé mentale, les données recueillies ont permis d'établir un lien entre les dépressifs et l'adhésion à des "fake news" : les personnes ayant des symptômes dépressifs ont été plus nombreuses à approuver au moins l'une des quatre fausses informations circulant sur les vaccins.
Un adhésion aux "fake news" qui persiste dans le temps
Et pour écarter le risque de confondre la cause et la conséquence -et si croire aux "fake news" pouvait rendre dépressif...- les chercheurs ont analysé les données d'une autre enquête similaire réalisée quelques mois plus tard. Résultat, le niveau d'adhésion aux "fake news" des personnes ayant déclaré dans la première enquête souffrir de dépression était deux fois plus important.
Alors, les dépressifs forcément davantage perméables aux "fake news" ? En se montrant très prudents en n'apportant pas de réponse catégorique, les chercheurs soulignent un autre facteur lui aussi favorable à la diffusion de ces fausses informations, le fait que les informations négatives sont généralement plus susceptibles d'être propagées que les bonnes nouvelles !