L’obésité n’est pas forcément synonyme de mauvaise santé. C’est ce qui ressort d’une étude menée par l’Unité de Recherche sur l’obésité de l’université d’Helsinki. Les résultats ont été publiés dans la revue de l’Association Européenne pour l’Etude du Diabète (EASD), Diabetologia. L’étude a observé 16 paires de jumeaux monozygotes dans lesquelles un jumeau est obèse et l’autre mince.
Les signes de mauvaise santé généralement associés à l’obésité ont été analysés : caractéristiques de santé métabolique, tolérance au glucose, inflammation adipeuse… Les jumeaux, tous âgés de 23 à 36 ans, ont un indice de masse corporelle (IMC) entre 20 et 40. La différence moyenne de poids entre les jumeaux est de 17kg. Le fonctionnement de la mitochondrie (générateur d’énergie) et l’inflammation du tissu adipeux sous-cutané ont aussi été étudiés. Ces deux indicateurs permettent de différencier une obésité saine ou malsaine. Les chercheurs ont tenté d’établir un lien génétique entre ces éléments et une obésité métaboliquement saine.
Obésité ne rime pas avec mauvaise santé
L'étude finlandaise démontre que tous les obèses ne développent pas de troubles métaboliques associés à un excès de graisse dans le corps. Dans 50% des cas, les jumeaux obèses sont en aussi bonne santé que leur jumeau mince. C’est ce que les chercheurs appellent une obésité métaboliquement saine. La graisse du foie, la sensibilité à l’insuline, le taux de lipides, la pression artérielle et les caractéristiques du tissu adipeux sous-cutané correspondent à ceux d’une personne mince. Autrement dit, l’obésité de ces jumeaux n’a pas entraîné de problèmes de santé ou altéré leur métabolisme.
Dans les 50% restants, le jumeau obèse possède les caractéristiques généralement associées au surpoids. Son sang est plus chargé en graisse, son pancréas produit davantage d’insuline (78%), à laquelle il résiste mieux, et sa pression artérielle est plus élevée que chez le jumeau mince. Ce jumeau possède tous les indicateurs d’une obésité malsaine. Elle peut entraîner un diabète ou des problèmes cardio-vasculaires.
De nouvelles solutions médicamenteuses ?
L’étude de l'université d'Helsinki n’a pas réussi à déterminer les mécanismes génétiques de l'obésité métaboliquement saine. Selon les auteurs, il est d'ailleurs possible que cet état de santé change avec l’âge ou l’obésité. Une obésité métaboliquement saine est donc génétique, mais elle n'est pas acquise pour autant.
Grâce à cette étude sur des jumeaux, les chercheurs ont compris pourquoi certaines obésités sont métaboliquement saines et d'autres non. En revanche, ils ne savent pas encore expliquer l'origine de l'obésité métaboliquement saine. Des recherches plus approfondies sur les caractéristiques des jumeaux obèses métaboliquement sains vont faire suite à cette première étude. Elles devraient permettre de comprendre le fonctionnement de ce phénomène. De nouvelles solutions médicamenteuses pourraient apparaître si c'est le cas. Celles-ci interviendraient sur le fonctionnement mitochondrial pour améliorer la synthèse d'énergie. Elles préviendraient aussi l’inflammation des tissus adipeux. La génétique peut donc aider à réduire les effets néfastes de l’obésité. Un nouvel espoir pour les personnes souffrant d’obésité chronique.