Les professionnels de santé et en premier lieu les pneumologues attendent cette décision depuis longtemps : les premiers pas viennent d'être faits par la Haute Autorité deSanté pour mettre en place un dépistage systématique du cancer du poumon. Replacé au coeur de l'actualité par des études montrant la forte augmentation des cas chez les femmes et par les témoignages de personnalités -Jean-Pierre Pernaud, Florent Pagny- atteints par la maladie, le cancer du poumon tue chaque année en France plus de 33 000 personnes et représente la première cause de décès chez les hommes âgés de 45 à 64 ans.
Offrir de meilleures chances de guérison
Le dépistage de la maladie serait d'autant plus efficace que ce cancer est souvent diagnostiqué à un stade tardif, ce qui réduit fortement le taux de survie des patients. Il consisterait à détecter les personnes qui présentent un risque supérieur de développer la maladie pour leur proposer un suivi régulier ou prescrire un traitement offrant de meilleures chances de guérison. L'examen qui permet de détecter un cancer du poumon est un scanner thoracique appelé tomodensitomètrie suivi, en cas d'anomalie, d'examens complémentaires et de la biopsie de la tumeur.
Cette stratégie préventive existe notamment aux Etats-Unis et de nombreux pneumologues en France souhaiteraient qu'elle soit mise en oeuvre dans notre pays. Sans aller jusqu'à satisfaire leurs attentes, la Haute Autorité de Santé a annoncé le 1er février dans un communiqué qu'elle préconise que l'Institut National du Cancer (INCA) engage un programme pilote "en vue de la mise en place d'un programme de dépistage". Jusqu'ici, la HAS s'était montrée très réservée sur le dépistage du cancer du poumon, notamment en raison du risque de surdiagnostic concernant des lésions sans risque de devenir symptomatiques ou des feux positifs "pouvant générer une anxiété ou des examens complémentaires et traitement avec des risques accrus de complications".
"Un dépistage organisé, efficace et sûr"
Mais elle s'ouvre donc aujourd'hui à des études complémentaires pouvant aboutir à "la mise en place d'un programme dé dépistage organisé, efficace et sûr". Concrètement, la Haute Autorité recommande que soient définis :
. La population cible (population exposée à un risque élevé, quantification du tabagisme y compris passif)
. La procédure de dépistage (durée et fréquence)
Par ailleurs elle souhaite évaluer plus en détail :
. Des éléments de santé publique (efficacité de la prise en charge, actions contre le tabagisme)
. La sécurité du programme de dépistage (rythme et fiabilité des examens)
. L'acceptabilité du dépistage (comment atteindre un taux de participation suffisant et impact psychologique du dépistage)
. Les impacts organisationnels et économiques
. Les aspects éthiques et sociétaux (disparités d'accès au dépistage avec un tabagisme chronique fortement associé au statut socio-économique)
En annonçant ce programme, la HAS souligne "l'intérêt d'une expérimentation" et rappelle que le dépistage "chez les personnes ayant un risque augmenté de ce cancer réduit la mortalité spécifique de celui-ci".