Sursauter en voyant un pigeon, avoir du mal à respirer dans un ascenseur, trembler et rougir lorsque l’on s’exprime à l’oral… La peur peut nous envahir lors de différentes situations. Durant ces moments, les autres peuvent être considérés comme des sources de réconfort. Mais d’après une étude publiée dans la revue Psychological Science le 10 janvier, le fait d’être entouré de plusieurs personnes lorsque l’on est effrayé ne pourrait pas nous aider à surmonter nos peurs. La raison est simple : ce sentiment d’angoisse se répandrait vite.
Pour parvenir à cette conclusion, des chercheurs du California Institute of Technology ont réalisé une expérience. Ils ont invité 156 adultes à visiter une maison hantée en petits groupes. Pendant 30 minutes, ils ont été confrontés à des situations imitant une menace d'étouffement, une voiture arrivant à toute vitesse ou des tirs. Durant l’expérience, les participants portaient des bracelets connectés pour évaluer leur activité électrodermale ou les changements induits par la sueur.
Plus les participants étaient nombreux, plus la peur était importante
Les résultats des travaux ont révélé une association positive entre le nombre de personnes dans un groupe et "l’excitation tonique", qui reflète la réponse physique globale du corps au stress. D’après les auteurs, les volontaires avaient plus peur lorsque le groupe qui visitait dans la maison hantée était plus important. Ils ont également constaté que la peur augmentait à mesure que les personnes se déplaçaient d'une pièce à l'autre.
Selon l’équipe, lorsque les participants étaient confrontés à une situation effrayante, ils étaient plus susceptibles d'avoir une réaction physique accrue en présence d'autres personnes. Cet « effet phasique » implique des changements rapides que le corps subit lorsqu'il réagit à un événement et cela est plus susceptible de se produire lorsque d'autres personnes sont confrontées à la même chose. Ainsi, si quelqu’un tremble de peur face à un événement, la personne la plus calme peut être surprise par sa réaction et risque à son tour d’être apeuré. "Si votre corps réagit davantage à l'événement menaçant, vous ressentez aussi psychologiquement plus de peur", a déclaré Sarah M. Tashjian, auteure principale de l'étude dans un communiqué.
"Le corps capte les signaux" des personnes effrayées
"Nous avons interprété ce phénomène comme le reflet de la contagion de la peur : si vos amis ou des personnes sont dans les parages, votre corps capte leurs signaux et présente un niveau d'excitation plus élevé, même en l'absence de frayeurs ou de sursauts spécifiques", a ajouté la chercheuse.
"Cette étude est différente des autres car nous mesurons plusieurs aspects de la conductance cutanée, notamment la réponse lente, la réponse rapide, la fréquence des réponses et le niveau des réponses. La plupart des études n'utilisent qu'une seule de ces mesures, ce qui limite notre compréhension de la dynamique du système nerveux et de la façon dont différents facteurs exercent différentes influences sur le corps", a précisé Sarah M. Tashjian.