Comment expliquer que certaines personnes vivent centenaires et en bonne santé ?
Si leur mode de vie joue évidemment un rôle, la génétique est aussi impliquée. Ou plutôt, une variante génétique, qui serait la clé de leur longévité.
C’est ce que démontrent des chercheurs de l’université de Rochester (États-Unis) dans une nouvelle étude disponible sur le serveur de pré-impression bioRxiv. Selon eux, ces centenaires seraient porteurs d’un "gène de la longévité" : sirtuine 6 (SIRT6) qui réparerait plus efficacement les cassures double brin (CDB) de l’ADN chez les espèces ayant une durée de vie plus longue.
Une variante génétique présence chez 1 % des centenaires
À mesure que l'humain et les autres mammifères vieillissent, leur ADN est de plus en plus sujet à des cassures, qui peuvent entraîner des réarrangements et des mutations génétiques, caractéristiques du cancer et du vieillissement. C'est pourquoi les chercheurs ont longtemps émis l'hypothèse que la réparation de l'ADN joue un rôle important dans la détermination de la durée de vie d'un organisme. Si des comportements comme le tabagisme peuvent exacerber les cassures double brin (CDB) de l'ADN, les cassures elles-mêmes sont inévitables.
Dans une étude publiée en 2019 dans la revue Cell, la même équipe de recherche avait montré chez des modèles animaux un lien entre durée de vie plus longue et surexposition à la protéine SIRT6. À l’inverse, un déficit en SIRT6 induit un vieillissement prématuré.
Dans ces nouveaux travaux, les chercheurs suggèrent qu’une variante rare du gène qui code pour cette protéine SIRT6 pourrait aussi être associée à une durée de vie prolongée chez les humains.
Pour le vérifier, les chercheurs ont comparé les séquences génétiques de 496 centenaires juifs ashkénazes et 572 juifs ashkénazes sans antécédents familiaux de longévité exceptionnelle. Ils ont alors identifié deux nouveaux variants de SIRT6 et dont l’un d’eux, appelé centSIRT6, était associé à une longévité exceptionnelle. Cette variante génétique n’était portée que par 1 % des centenaires sélectionnés. Toutefois, quand ils ont comparé ces données avec celles de 150 000 personnes de différentes origines ethniques, les scientifiques ont remarqué que les personnes vivant plus longtemps étaient plus susceptibles de posséder ce variant centSIRT6.
Une réparation des cassures d’ADN
Non seulement capable de retarder le vieillissement en favorisant la réparation des cassures double brin d’ADN, centSIRT6 permettrait aussi de "bien ranger" le patrimoine génétique contenu dans nos cellules. "Quand nous sommes jeunes, l’ADN présent dans nos cellules est soigneusement emballé, mais les choses se dégradent quand nous vieillissons", explique Vera Gorbunova, la chercheuse qui a dirigé ces travaux.
Elle espère désormais que ces résultats puissent ouvrir la voie au développement d’un nouveau type de médicament anti-âge, qui stimulerait l’activité de SIRT6. "S’ils peuvent être créés, de tels médicaments pourraient même être capables d’inverser le vieillissement dans une certaine mesure", conclut Vera Gorbunova.