- Le mécanisme de la nomophobie est similaire à celui d’une addiction aux substances psychoactives (alcool, tabac, drogues). Il s’agit tout d’abord d’une habitude qui se transforme en dépendance.
- Pourquoi docteur : Qu’est-ce que la nomophobie ?
Magali Briane : Il s’agit de la peur excessive éprouvée à l’idée d’être séparé de son téléphone portable. La nomophobie se traduit également par l’inquiétude de ne pas pouvoir se servir de son smartphone, à cause d’une panne de batterie ou d’un problème de réseau ou de wifi.
- Quels sont les effets négatifs de cette addiction ?
Les personnes dites "nomophobes" passent énormément de temps sur leur téléphone au détriment d’autres activités. Elles se rendent de moins en moins disponibles pour voir leurs proches et sont de plus en plus exclues de la vie sociale. Ces dernières peuvent également souffrir de dépression, d’anxiété accrue et de troubles du sommeil.
- Qui sont les plus concernés par la nomophobie ?
Les adolescents et les jeunes adultes sont les plus touchés par la nomophobie car le téléphone est l’outil qui leur permet de maintenir le lien avec les autres. Ils ne veulent jamais louper une information. Les personnes qui ont dû mal à décrocher de leur travail ont aussi tendance à utiliser constamment leur portable afin de ne pas manquer une information ou pour faire preuve de réactivité.
La crise sanitaire a accentué cette peur de se retrouver sans son téléphone. Durant les périodes de confinement, on avait plus de temps libre et on était isolé. On utilisait nos téléphones pour rester en contact avec notre entourage. Après ces quarantaines, certains Français ont gardé quelques habitudes, par exemple regarder une série sur son smartphone.
- Comment identifier cette dépendance au téléphone ?
Les personnes accros à leur téléphone consacrent de nombreuses heures à leur téléphone et ne dédient plus de temps à leurs loisirs. Elles deviennent anxieuses et stressées lorsqu’on leur demande de s’en séparer.
- Comment se débarrasser de cette addiction ?
Il est conseillé de privilégier une déconnexion progressive et non une coupure nette de l’usage de son téléphone, comme la "digital detox". Pour mettre fin à la nomophobie, il convient de se fixer certaines règles. On peut arrêter d’utiliser son portable pendant les repas, le bannir de sa chambre ou ne plus le mettre dans sa poche pour ne pas être tenté d’y avoir recours. Autre astuce : bloquer les notifications et les alertes afin de ne pas être sollicité. Il est aussi recommandé de changer la couleur de son écran et des applications. On peut tenter de mettre fin à cette dépendance au téléphone tout seul mais il également possible de le faire avec un professionnel de santé.
- Nos proches peuvent-ils jouer un rôle pour nous accompagner à soigner cette dépendance ?
Face à un adolescent accro au téléphone, les parents doivent montrer l’exemple et instaurer certaines règles pour que leur enfant ne dépende plus de son portable. À chaque effort, ils peuvent le féliciter et l’encourager, ce qui va permettre à l’enfant de se sentir accompagné et soutenu.