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QUESTION D'ACTU

Projet de directive européenne

E-cigarette : pour ou contre la vente en pharmacie

Les députés européens souhaitent classer la e-cigarette comme un médicament. Selon les médecins français, une telle mesure serait contre-productive pour le sevrage tabagique. Explications.

E-cigarette : pour ou contre la vente en pharmacie ANGOT/SIPA




Les pharmaciens français et les commerces de e-cigarette sont très certainement sur le qui-vive en ce moment. Car l'avenir de la cigarette électronique en Europe se joue aujourd'hui !  C'est en effet ce mardi que le Parlement européen doit voter une directive tabac qui pourrait assimiler la e-cigarette à un médicament. Mais les députés européens favorables à ce projet ont face à eux, sur le parvis du Parlement de Strasbourg, des centaines de vapoteurs, forts d’une pétition de 39000 signatures, qui vise à faire avorter cette directive. Ces derniers sont par ailleurs soutenus par de nombreux médecins français. A quelques heures de cette décision cruciale pour 1,5 million de vapoteurs en France et près de 7 fois plus en Europe, pourquoidocteur vous rappelle les positions des différents acteurs et les enjeux de ce débat. 

Les Anglais veulent faire de la e-cigarette un médicament
Dans cette histoire, tout débute par la position de nos voisins anglais. Les Britanniques entendent obtenir dès 2014 de Bruxelles que l’ensemble des produits hors-tabac contenant de la nicotine soient considérés comme des dispositifs médicaux soumis à autorisation de mise sur le marché. La demande vise avant tout la e-cigarette.
Pour justifier ce choix, les politiques anglais se basent sur un rapport du Medicines and Healthcare Products Regulatory Agency (Mhra), l'organisme chargé de la réglementation de tous les médicaments et dispositifs médicaux  au Royaume-Uni. L'équivalent britannique de l'Agence française de sécurité du médicament  (Ansm) considère, en effet, que ces cigarettes contiennent de la nicotine et peuvent ainsi être considérées comme des produits de sevrage du tabagisme. En outre,  les utilisateurs sont en droit, selon l'Agence,  de demander des garanties d’innocuité et d’efficacité équivalentes à celles offertes par des médicaments.
Enfin, les responsables du Mhra ont estimé aux vues de leurs recherches médicales et scientifiques que les cigarettes électroniques n'avaient pas fait plus la preuve de leur efficacité contre le fléau du tabagisme que les autres produits de substitution au tabac. Pour autant, tout comme les patchs et les gommes, les experts recommandent l'utilisation de ce tout nouveau produit, notammant pour limiter la consommation.
Sûres d'obtenir gain de cause, les autorités sanitaires du pays ont déjà encouragé tous les fabricants de e-cigarettes à entreprendre les travaux préliminaires à l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché. Elle serait il est vrai obligatoire si le produit était classé comme médicament.


En France, cela aboutirait à la fermeture de tous les magasins de e-cigarette

Pourtant, si cette directive européenne, qui est débattue ce matin, est adoptée, la situation ne serait pas du tout la même dans les vingt-sept pays de l'Union européenne. Le mot « drug », médicament en anglais, ne veut pas dire la même chose partout. Comme de l'autre côté de la Manche par exemple.
« La définition du mot médicament n'est pas du tout la même pour nos voisins Anglais », confiait récemment à pourquoidocteur le Pr Bertrand Dautzenberg, auteur du rapport sur la e-cigarette remis à la ministre de la Santé au mois de mai. Comme nous l'expliquait cet expert pneumologue, il est vrai que les médicaments sont libres d'accès au Royaume-Uni. C'est le cas notamment dans les drugstores anglais, des grands établissement commerciaux où l'on trouve de tout, y compris des médicaments.
D'après ce spécialiste, faire de la cigarette électronique un médicament n'est pas très judicieux. Selon le président de l'Office Français de prévention du tabagisme, la e-cigarette en tant que produit de consommation s'adresse à tout le monde, y compris aux jeunes. Grâce à ce commerce libre, le produit peut inciter des personnnes qui ne sont pas motivées à arrêter la cigarette. « Si on prend des fumeurs qui sont d'accord pour arrêter de fumer, on sélectionne 1/5 des fumeurs. Alors que la e-cigarette à l'avantage de s'adresser à 100 % des fumeurs. Ces derniers, qui parfois utilisent ce produit juste pour le tester, se retrouvent très souvent pris dans l'engrenage de l'arrêt du tabac », concluait-il. 

La cigarette électronique est moins dangereuse que la cigarette classique
Interrogé fin août par pourquoidocteur, le Dr Gérard Mathern, secrétaire général de la Société Française de Tabacologie indiquait que, « si l'on compare les deux produits, vapoter reste infiniment mieux que fumer la cigarette conventionnelle. Tout d'abord, cette dernière contient par exemple du goudron, une substance extrêmement toxique et collante qui transporte beaucoup d'éléments toxiques. A la longue, il cause le cancer de la gorge et du poumon, et le cancer de la langue chez les fumeurs de tabac à rouler.»  Ensuite, Gérard Mathern rappelait également que, « la cigarette conventionnelle crée du monoxyde de carbone, un gaz produit par la combustion du tabac. Il possède des propriétés asphyxiante et polluantes et réduit l'oxygénation des tissus organiques. Il est notamment responsable des maladies cardiovasculaires chez les fumeurs. »
 
La communauté médicale française unie sur le sujet
Enfin, les tabacologues français ne sont pas les seuls médecins français à défendre un commerce ouvert à tous de la e-cigarette. Dans un appel coordonné par le Dr Philippe Presles, lancé lundi dans les colonnes du Parisien, des dizaine de médecins français, toutes spécialités confondues (cardiologues, angiologues, cancérologues, urologues, neurologues, spécialistes de la pathologie foetale, ORL...), rejettent l’idée de classer ce produit comme un médicament. Ils rejoignent ainsi l’avis de l’Office français de lutte contre le tabagisme. Et ces derniers de rappeler que le produit « aide manifestement de nombreux fumeurs à tourner la page du tabac. » D'après le 1er essai comparatif mené en Nouvelle-Zélande et dévoilé début septembre, la e-cigarette serait un outil de sevrage tabagique au moins aussi efficace que les patchs de nicotine !

 

 









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