Avoir des enfants protège-t-il du cancer du sein ? Selon une méta-analyse relayée par la Fondation pour la Recherche Médicale et publiée dans la revue The Lancet en 2002, le risque de développer un cancer du sein diminuerait de 7 % pour chaque nouvelle grossesse menée à terme. Dans de récents travaux, des chercheurs du Cold Spring Harbor Laboratory (États-Unis) auraient établi un nouveau lien entre la grossesse et le système immunitaire dans la prévention du cancer du sein. Les résultats de ces recherches ont été publiés dans la revue Cell Reports.
Pour parvenir à cette découverte, les scientifiques ont mené des expériences sur des souris femelles nullipares (qui n’ont jamais porté de bébés et accouché) et pares. "Nous avons utilisé le séquençage de l'ARN d'une seule cellule pour établir le profil de la composition des cellules épithéliales et non épithéliales dans le tissu mammaire" des rongeurs, peut-on lire dans l’étude.
Des cellules immunitaires spécialisées empêchent la formation de tumeurs
D’après les résultats, après la grossesse, les cellules mammaires feraient appel à des cellules immunitaires spécialisées, appelées "cellules Natural Killer T" ou "lymphocytes NKT" pour empêcher la formation de tumeurs. Selon le chercheur Amritha Varshini Hanasoge Somasundara, les cellules NKT seraient observées uniquement dans la glande mammaire. "On ne voit pas cette expansion ailleurs dans l’organisme, même si les cellules NKT sont présentes partout ailleurs dans le corps".
"Nous montrons que l'expansion des NKTs après la grossesse est due à l'expression élevée de la protéine spécifique CD1d sur les cellules épithéliales mammaires. La perte de l'expression de CD1d sur les cellules épithéliales mammaires après la grossesse, ou le manque de NKTs activés, entraîne une oncogenèse mammaire (l'ensemble des facteurs et des mécanismes à l'origine des cancers ou tumeurs malignes)", ont détaillé les auteurs dans les travaux.
Les chercheurs veulent désormais réaliser des recherches supplémentaires pour déterminer si des résultats similaires peuvent être observés chez les êtres humains. "L'une des hypothèses sur lesquelles nous travaillons actuellement est la suivante : les grossesses survenant plus tard entraînent-elles la même expansion des mêmes sous-types de cellules immunitaires que les grossesses ayant eu lieu tôt dans la vie ?", ont précisé les scientifiques.