- Dans près des deux tiers des cas, les victimes de violences numériques connaissent la véritable identité de l’agresseur.
- 31% des Français reconnaissent avoir été à l’origine d’une situation de cyberviolence.
- Plus d’une personne sur dix ayant vécu de la cyberviolence aurait tenté de se donner volontairement la mort.
- Le 22 décembre, la youtubeuse Maëva Frossard, plus connue sous le nom de Mava Chou, s’est suicidée à l’âge de 32 ans à cause du cyberharcèlement qu’elle subissait.
Insultes, menaces, slut-shaming, propagation de rumeurs, revenge porn… Ces différentes violences exercées par le biais d’outils numériques (Internet, portables, jeux vidéos…) sont appelées "cyberviolence". En France, près de la moitié (41 %) des personnes ont déclaré avoir été victimes de violences sur un réseau social, une messagerie instantanée, par SMS, sur un forum ou une application de rencontres. C’est le constat fait par un sondage Ipsos, commandé par l’association Féministes contre le cyberharcèlement, publié le 9 février. Cette enquête, qui dresse un état des lieux des violences en ligne en France, a été menée auprès de 1.008 personnes âgées de plus de 18 ans du 2 au 4 novembre 2021.
Les plus jeunes sont particulièrement concernés par la cyberviolence
D’après les résultats, ce phénomène de plus en plus répandu touche particulièrement les tranches d’âge les plus jeunes. Et pour cause, 87 % des 18-24 ans ont avoué avoir été confrontés à au moins une situation de cyberviolence et 67 % des jeunes adultes ont indiqué avoir subi plusieurs fois des violences numériques.
Les enfants ne sont pas aussi épargnés par la cyberviolence. Selon l’enquête, 31 % des parents ont précisé que leurs enfants ont été au moins une fois victime de violence en ligne et environ un parent sur dix a admis ne pas savoir réellement ce qu’il en est pour son enfant.
Autre cible de la cyberviolence : les personnes appartenant à des minorités. Les données ont révélé que 85 % des personnes LGBTQIA+ et 71 % des personnes racisées ont déjà subi des violences exercées par le biais d’outils numériques.
Des répercussions sur la vie et la santé des victimes
Le sondage a signalé que la cyberviolence a de lourdes conséquences sur la santé de la victime. "Les conséquences psychiques et sociales des cyberviolences sont nombreuses et significatives chez les victimes, encore plus lorsqu’il s’agit d’enfants, de femmes et de personnes appartenant à des groupes minorisés", peut-on lire dans l’étude. Pour preuve : 22 % des participants se sont désinscrits des réseaux sociaux, 11 % ont déclaré avoir perdu leur emploi ou raté leurs études suite aux violences, 41 % d’entre elles se sont senties déprimées ou désespérées et 16 % qu’elles méritaient ce qui leur arrivait.
Dans certains cas, la cyberviolence peut conduire au suicide. L’enquête a dévoilé que 17 % des victimes ont déjà pensé à se donner volontairement la mort. "La récurrence des agressions en ligne amplifie les conséquences pour les victimes : près de la moitié (45 %) des personnes ayant été victimes a plusieurs reprises de diffusion de photos et de vidéos dégradantes ou intimes ont pensé au suicide", détaille-t-elle.
Une application contre la cyberviolence
"La lutte contre ces violences repose encore en majorité sur les victimes, qui, faute de recours satisfaisants en matière de signalement et de procédure judiciaire, développent des stratégies d’auto-défense ayant tendance à restreindre leur liberté d’expression", a spécifié l’association Féministes contre le cyberharcèlement.
Pour mieux lutter contre ces violences en ligne, le gouvernement a soutenu le lancement de l’application 3018 (numéro gratuit, anonyme et confidentiel pour les jeunes qui vivent de la cyberviolence). Cette application a pour but d’assurer une prise en charge rapide et globale des enfants victimes de violences numériques. Elle permet aux victimes d’échanger par tchat avec des professionnels et de stocker les preuves du harcèlement vécu.
"Le signalement sera transmis aux réseaux sociaux pour qu'ils suppriment en quelques heures les comptes ou les contenus en question, ou bien à la plateforme Pharos, le portail officiel des signalements de contenus illicites sur internet, pour les cas les plus graves", peut-on lire sur le site de l’administration française.