L’acné n’est pas qu’une maladie de l'adolescence, elle touche de plus en plus d’adultes. En France, un quart des femmes serait concerné. Pourtant, cette pathologie cutanée est très peu étudiée par la communauté scientifique. Une équipe de chercheurs américains a décidé d’y remédier. Dans Science Translational Medicine, elle publie les résultats d’une étude qui pourrait révolutionner la prise en charge de cette maladie de peau.
Qu’est-ce que l’acné ?
L’acné est liée aux follicules pilosébacés : des poils rattachés à une glande sébacée. Cette dernière secrète du sébum, qui est un film protecteur pour la peau. Lorsqu’une personne est atteinte d’acné, il est produit en excès et bouche les pores. La bactérie Propionibacterium acnes a alors un terrain favorable pour se multiplier et les lésions d’acné apparaissent. Selon leur nature et leur nombre, elles déterminent le niveau de gravité de la maladie.
Une transformation des cellules pour combattre l’acné
"Nous avons commencé nos recherches en voulant comprendre la biologie de l'acné et avons spécifiquement examiné le rôle des fibroblastes, qui fournissent généralement un soutien structurel dans les couches profondes de la peau", explique Alan O'Neill, co-auteur de l’étude. Ces cellules sont situées à l’extérieur du follicule pileux. "Ce que nous avons découvert à la place, c'est que ces cellules étaient activées pour produire de grandes quantités d'un antimicrobien important, la cathélicidine, en réponse à des bactéries responsables de l'acné appelées Cutibacterium acnes." Pour contrer une infection dans un follicule pileux, la peau environnante subit un processus appelé adipogenèse réactive au cours duquel les fibroblastes se transforment en cellules graisseuses. En parallèle, la cathélicidine est produite pour aider à combattre l'infection en supprimant les bactéries responsables de l'acné.
Une double étude sur des humains et des rongeurs
L'équipe de recherche a effectué des biopsies cutanées sur des patients atteints d’acné, traités pendant plusieurs mois avec des rétinoïdes, des produits dérivés de la vitamine A. Le médicament a amélioré l'expression de la cathélicidine après le traitement, ce qui leur a permis de découvrir un nouveau mécanisme expliquant pourquoi les rétinoïdes aident à traiter l’acné. Dans un second temps, les chercheurs ont étudié les lésions cutanées sur des souris à qui la bactérie causant l'acné a été injectée, ils ont observé des réponses similaires au traitement chez les rongeurs. "Cette recherche pourrait aider à identifier de nouvelles options de traitement qui ciblent spécifiquement la capacité des fibroblastes à produire de la cathélicidine, estime Alan O’Neill. Cela permettrait de créer un traitement contre l'acné qui serait plus sélectif avec des effets secondaires potentiellement moins nocifs." Les médicaments à base de rétinoïdes provoquent des sécheresses cutanées, une sensibilité accrue au soleil, et sont interdits aux femmes enceintes car ils peuvent engendrer de graves malformations du foetus.