- En France, la consommation de tabac est responsable de 75.000 décès par an.
- 41 000 Français meurent également chaque année d'une trop grande consommation d'alcool.
Nos adolescents consomment trop de tabac, d'alcool et de cannabis,, s’inquiète l’Académie nationale de médecine. L’institution milite pour que de nouvelles mesures préventives soient mises en place afin de mieux les protéger de ces produits dangereux pour la santé.
"Double peine"
"Les enquêtes attestent de la prévalence élevée d'usage du tabac, de l'alcool et du cannabis débutant dès l'adolescence, période critique pour la maturation cérébrale, qui s'en trouve perturbée", expliquent les médecins dans un communiqué. "Les jeunes consommateurs sont exposés à une double peine : pour eux-mêmes, en raison des effets délétères directs de ces drogues, mais aussi par les marques épigénétiques qu'ils acquièrent et qu'ils pourraient transmettre à leur descendance", ajoutent-ils.
Des études chez l'animal démontrent en effet que ces marques épigénétiques modifient à la fois le niveau d'expression de certains gènes impliqués dans la réponse comportementale aux drogues et la vulnérabilité aux addictions. Les marques épigénétiques correspondent, en quelque sorte, à une mémoire cellulaire de l'exposition à certaines substances qui peut être transmise à la génération suivante, voire aux suivantes. "L'épigénétique des addictions devrait être mieux connue des décideurs", estiment les professionnels de santé.
De nouvelles recommandations
Au-delà de la prohibition du cannabis, de l'augmentation des prix du tabac, de l'interdiction de vente de l'alcool et du tabac aux mineurs et de la limitation de leur publicité, l'Académie nationale de médecine recommande :
1) d'intégrer dès l'école primaire et jusque dans les structures d'enseignement supérieur une information régulière sur les dangers de ces drogues.
2) De promouvoir des actions collectives de sensibilisation sur les dommages multiples (sanitaires, sociaux et sociétaux) causés par les drogues licites et illicites, à destination prioritairement des parents, des femmes enceintes, des jeunes adultes, des professionnels de santé, des enseignants et des milieux professionnels et politiques.
3) De mettre en place une vaste campagne d'information, ciblant particulièrement les jeunes adultes en âge de procréer, sur les risques de transmission à la descendance de l'appétence aux drogues via des mécanismes épigénétiques.
4) De développer davantage les programmes d'activités sociales, culturelles et sportives afin de réduire le risque de consommation de drogue.
5) De mettre en oeuvre des programmes ambitieux de recherche préclinique et clinique en vue de disposer de marqueurs épigénétiques de l'addiction aux drogues, d'étayer la transmissibilité intergénérationnelle des altérations induites de l'épigénome, voire de concevoir des stratégies thérapeutiques innovantes des addictions fondées sur l'épigénétique.