- Selon les chiffres du ministère de la Santé datant de 2015, 17,8 % des femmes enceintes fument toujours au troisième trimestre de leur grossesse.
- Il s’agit du taux le plus élevé d’Europe, en dépit des effets sanitaires sur la grossesse et la santé de l’enfant (risque accru de complications, de retard de croissance intra-utérin, de malformations congénitales, de mort subite et d’asthme).
Risque de fausse couche, d’accouchement prématuré, de faible poids à la naissance, ou encore de mort subite du nourrisson… Nombreuses sont les études à s’être penchées sur les méfaits de la consommation de tabac pendant la grossesse.
Mais, pour les femmes cherchant à tomber enceintes, fumer présente aussi des risques. C’est ce que démontre une nouvelle étude publiée dans la revue Human Reproduction. Selon ses auteurs, à la dixième semaine de grossesse, le développement de l'embryon était retardé de près d'un jour chez les femmes qui fumaient dix cigarettes ou plus par jour au moment de la conception par rapport aux non-fumeuses. Les fœtus étaient en outre incapables de rattraper ce retard de croissance et avaient plus de risque de naître avec un faible poids.
Un retard de développement qui se poursuit jusqu’à la naissance
Les chercheurs ont suivi 689 femmes lors de leur première grossesse, survenue entre 2010 et 2018. Ils ont examiné l'association entre le tabagisme des mères de 14 semaines avant la conception jusqu'à 10 semaines après la conception (ce que l’on appelle la période périconceptionnelle) et le développement des embryons. Ils ont pour cela utilisé les stades de Carnegie, qui recensent la croissance de l'embryon durant ses 10 premières semaines. Au-delà de cette date, ils se sont fiés aux informations sur le développement fournies par les échographies et le poids de naissance.
"L'impact du tabagisme maternel périconceptionnel sur le retard du développement embryonnaire semble avoir un effet plus important au cours du deuxième trimestre de la grossesse qu'à la naissance", explique Dr Melek Rousian, la gynécologue de la University Medical Center de Rotterdam (Pays-Bas) qui a dirigé l’étude. Selon elle, il est possible qu’il y ait une croissance de rattrapage au cours des deux derniers trimestres de grossesse. Toutefois, "le retard du développement morphologique ne peut pas être entièrement récupéré au cours de la grossesse, comme le montrent les échographies à 20 semaines et les poids à la naissance".
Pour les auteurs de l’étude, ces résultats confirment l’importance de l’arrêt du tabac avant la conception. "Si possible, les femmes devraient arrêter de fumer à partir du moment où elles envisagent de devenir enceintes, mais il est toujours bon d'arrêter de fumer de toute façon, en particulier à n'importe quel stade de la grossesse. Le tabagisme a un impact non seulement sur la croissance de l'embryon pendant la grossesse et sur son poids à la naissance, mais aussi sur son développement dès les premiers stades de la grossesse", rappelle le Dr Rousian.