Fourmillements, picotements, tiraillements, "décharge électrique"… Ces signes surviennent chez les personnes souffrant du syndrome des jambes sans repos (SJSR). Ce trouble chronique se caractérise par ces sensations désagréables, appelées "impatiences", mais également le besoin irrépressible de bouger ses membres inférieurs. Ces symptômes se manifestent au moment du repos, le plus souvent en position couchée, le soir ou la nuit. Pour se soulager, les patients sont obligés de bouger régulièrement leurs jambes. Résultat : l’affection altère la qualité du sommeil des patients et, par extension, leur qualité de vie.
"Un surrisque d’avoir des idées suicidaires"
D’après une étude de l’Inserm publié le 14 février, le syndrome des jambes sans repos a également un impact sur la santé mentale des malades. "Certaines enquêtes et études cliniques suggèrent que les personnes atteintes du SJSR ont un surrisque de présenter des symptômes dépressifs ou d’avoir des idées suicidaires, notamment celles qui souffrent d’insomnie", a indiqué Yves Dauvilliers, neurologue de l’Institut des neurosciences de Montpellier, dans la publication de l’Inserm.Cependant, aucune recherche réalisée jusqu’à présent ne permet de quantifier l’importance de ces plaintes, ni la manière dont un traitement permet de lutter contre ces conséquences psychologiques. C’est pourquoi Yves Dauvilliers a décidé de mener des travaux sur le sujet avec l’équipe du Centre national de référence narcolepsie hypersomnie.
Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont recruté 529 adultes atteints du syndrome des jambes sans repos qui n’ont bénéficié d’aucune prise en charge psychologique. Ils ont rempli un questionnaire afin d’évaluer l’existence de symptômes dépressifs et de pensées suicidaires. Les réponses des patients ont été comparées avec celles de personnes du même âge et sexe qui ne souffrent pas de ce trouble chronique. Selon les résultats, parmi les malades touchés par le SJSR, 79 % souffraient d’insomnie, 32,5 % présentaient des symptômes dépressifs et 28 % avaient des idées suicidaires, contre respectivement 8,3 %, 5,5 % et 9,5 % des adultes non atteints par ce syndrome sensitivomoteur.
Un suivi psychologique efficace
Les scientifiques ont constaté que les troubles du sommeil et les symptômes dépressifs avaient nettement diminué un an après la prise en charge psychologique avec un traitement adapté à chaque patient. "Ce résultat est important car il prouve que la prise en charge adaptée du SJSR permet de réduire les symptômes sensorimoteurs, mais aussi ceux liés à la santé mentale", a précisé Yves Dauvilliers.
En revanche, la fréquence des pensées suicidaires n’a quasiment pas changé. "Attention, on parle bien d’idées et non de comportements suicidaires. En pratique, notre expérience clinique et la littérature montrent que le passage à l’acte reste rare et certainement multifactoriel. Cependant, il faut sensibiliser les médecins sur ce risque afin qu’ils soient vigilants sur la santé psychique de leurs patients atteints du SJSR", a souligné le neurologue.