Et si la Covid-19 hantait nos rêves ? C’est ce qu’a suggéré un groupe international de chercheurs dans des travaux publiés dans la revue Nature and Science of Sleep. Les scientifiques ont décidé de réaliser ces recherches entre mai et juillet 2020 après avoir fait un constat. "Un certain nombre d'études ont démontré que la pandémie a gravement affecté le sommeil et l'activité onirique des personnes en bonne santé. À ce jour, aucune étude n'a examiné de manière spécifique l'activité onirique des patients atteints de la Covid-19", peut-on lire dans les travaux. Pour les besoins de l’étude, les spécialistes du sommeil ont examiné et comparé la fréquence des rêves et des cauchemars de 544 malades souffrant de la Covid-19 et 544 personnes en bonne santé.
Le télétravail en cause ?
Les auteurs ont constaté que les volontaires avaient rapporté une plus grande activité onirique pendant la pandémie. Les comparaisons entre les témoins et les participants atteints de la Covid-19 ont révélé que les malades touchés par l’infection faisaient plus de cauchemars que les autres volontaires à cette période. D’après les résultats, la fréquence des mauvais rêves s’élevait à 50 % chez les patients touchés par le coronavirus et à 35 % chez les autres.
"Avant même de rapporter des cauchemars, les gens tendaient à se rappeler davantage de leurs rêves depuis le début de la pandémie, qu’avant la pandémie. Cela pourrait être dû au fait que le télétravail a permis à plusieurs de se lever plus tard, et que c’est principalement le matin que nous rêvons, pendant ce qu’on appelle le sommeil paradoxal. Et si on se souvient davantage de nos rêves, les chances sont alors plus grandes qu’on capte un cauchemar au travers de ça, parce que tout le monde fait des cauchemars à un moment ou un autre", a déclaré Charles Morin, chercheur à l’École de psychologie de Laval (Québec) et co-auteur de l’étude.
Des cauchemars liés à la gravité de la maladie
Les scientifiques ont également découvert que la sévérité du coronavirus avait un impact sur l’activité onirique. Les patients souffrant d’une forme grave de la maladie étaient davantage sujets aux cauchemars que les personnes atteintes d’une forme légère de la Covid-19. D’après Charles Morin, les patients gravement malades ont dû s’isoler pendant 14 jours ou ont été hospitalisés, ce qui peut être traumatisant. "On sait que des événements de ce type augmentent la fréquence des cauchemars. (…) Ce qui se passe la nuit est le prolongement direct de ce que nous vivons le jour", a-t-il expliqué.