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Sommeil

Pourquoi dort-on moins bien lorsque l'on vieillit ?

Par Diane Cacciarella

La diminution et la qualité des neurotransmetteurs, appelés "hypocrétines", pourraient être à l’origine d’un sommeil de moins bonne qualité avec l’âge. 

Drazen Zigic/istock
Généralement, les traitements prescrits pour traiter les insomnies sont des somnifères, mais ils ne sont pas efficaces pour tous les patients.
Une mauvaise qualité et/ou un manque de sommeil peuvent augmenter les risques d’arrêts cardiaques, de dépression, de diabète ou encore d’hypertension.

Tous les médecins le recommandent : il faut avoir un cycle de sommeil régulier. Autrement dit, se coucher et se lever tous les jours aux mêmes heures et dormir, dans l’idéal, huit heures par nuit. Ces conseils sont d’autant plus vrais avec l’âge car "plus de la moitié des personnes de plus de 65 ans se plaignent de la qualité de leur sommeil", a estimé Luis de Lecea, professeur à l'université de Stanford et co-auteur d’une étude publiée dans la revue Science. Lors de leurs travaux, les chercheurs ont voulu comprendre pourquoi la qualité du sommeil diminuait avec l'âge. Ils ont donc étudié, chez des souris, les circuits du cerveau qui interviennent dans le sommeil et dans la façon dont ils se dégradent avec les années.

Les hypocrétines, des neurotransmetteurs liés à la qualité du sommeil

Les chercheurs se sont plus précisément intéressés aux hypocrétines. Il s’agit de neurotransmetteurs produits par une petite partie des neurones du cerveau. Ils ne sont que 50.000. Une petite quantité comparée aux autres qui se comptent en milliards. Les scientifiques ont choisi de les analyser plus spécifiquement, car de précédents travaux avaient déjà démontré que leur dégradation pouvait entraîner une narcolepsie chez certains patients et un besoin de sommeil très élevé. Autrement dit, les hypocrétines seraient liées à la qualité du sommeil. En clair, plus on en a, mieux on dort, et inversement.

Moins d’hypocrétines lorsque l'on vieillit 

Les scientifiques ont mené leurs expériences sur des souris de différentes tranches d’âge : jeunes, de trois à cinq mois, et âgées, c’est-à-dire de dix-huit à vingt-deux mois. Le but était d'analyser leurs hypocrétines en fonction de l’âge et de les stimuler afin de voir l’impact sur la qualité de leur sommeil. Pour les stimuler, ils ont utilisé de la lumière. Résultats : les souris qui avaient entre dix-huit à vingt-deux mois avaient perdu 38 % de leurs hypocrétines comparé aux jeunes rongeurs, ce qui sous-entend que la stimulation et l’âge diminuent le nombre de ces neurotransmetteurs. 

D’autre part, les chercheurs ont aussi observé que les hypocrétines qui restaient à ces souris âgées s’activaient plus facilement quand elles étaient stimulées. Une explication donc, à la diminution de la qualité du sommeil : "Les neurones tendent à être davantage actifs et à s'allumer plus, et si c'est le cas, vous vous réveillez plus fréquemment", a souligné Luis de Lecea.

Vers des traitements plus ciblés ?

Pour les auteurs, en comprenant mieux les mécanismes neurologiques du sommeil, cette étude pourrait permettre de mettre au point de nouveaux traitements, plus ciblés, pour les personnes qui souffrent de troubles. À terme donc, cette étude pourrait mener à une avancée majeure d’autant plus que les médicaments actuels, principalement des somnifères, "peuvent conduire à des difficultés cognitives ou des chutes", a déclaré Luis de Lecea.