Traquer la moindre trace d’arachide pour éviter un choc anaphylactique, tel est le quotidien des personnes allergiques. Cette plante peut se trouver sous différentes formes dans l’alimentation : cacahuètes, beurre, huile, additif, etc. Selon des données de la commission de la sécurité des consommateurs, 75 % des personnes allergiques à l'arachide vont en consommer involontairement dans les cinq années qui suivent leur diagnostic. Aujourd’hui, seules des thérapies basées sur la désensibilisation existent, mais elles ne sont pas approuvées par l’ensemble de la communauté scientifique et inefficaces chez d'adulte. Des scientifiques du Boston Children’s Hospital ont trouvé une thérapie potentielle : des capsules de microbiote fécal. Leurs résultats ont été présentés lors du congrès annuel de l’American Academy of Allergy, Asthma & Immunology.
Un pré-traitement avec des antibiotiques
La greffe de microbiote fécal a pour but de remplacer les bactéries intestinales des patients allergiques par celles de donneurs non allergiques. Dans un premier temps, les scientifiques ont réalisé un essai avec 15 participants, âgés de 18 à 33 ans, qui avaient des réactions allergiques à partir de 100 milligrammes d'arachide (une demi-arachide) voire moins. Ils ont tous avalé 36 gélules de microbiote fécal en trois heures. Cinq participants ont été traité en amont avec des antibiotiques pour éliminer leur propre microbiote : 60 % sont devenus plus tolérants aux arachides après l’essai contre 30% de ceux ayant reçu uniquement la greffe. "Ces résultats étaient très encourageants, commente Rima Rachid, principale autrice de cette étude. Une seule greffe a permis une augmentation significative du seuil de réactivité à l’arachide, à la fois 1 mois et 4 mois après le traitement, prouvant que l'effet est prolongé."
Pouvoir vivre avec l’allergie
Le traitement a permis à certains participants, qui avaient initialement des réactions allergiques en consommant moins d'une demi-cacahuète, de manger plus de deux cacahuètes avant de réagir. "Cette quantité peut être suffisante pour éliminer les inquiétudes concernant les traces d'arachides dans les aliments", explique l’autrice. De nombreux produits alimentaires contiennent seulement des traces d’arachide, mais qui sont suffisantes pour déclencher des réactions allergiques chez les personnes concernées. Rima Rachid souhaite lancer un clinique de phase II auprès de jeunes âgés de 12 à 17 ans, en leur proposant un pré-traitement antibiotique et puis une greffe de microbiote fécal. L’un des autres avantages de cette thérapie est son administration : les gélules peuvent être conservées dans un réfrigérateur domestique, ce qui évite aux patients de se rendre à l’hôpital pour recevoir leur traitement.
Ci-dessous, notre émission "Ma vie avec des enfants souffrant d'allergies alimentaires " :